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Full text of "Légende de saint Denis. Reproduction des miniatures du manuscrit original présenté en 1317 au roi Philippe le Long. Introduction et notices des planches par Henry Martin"

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ff) 112?' M 



HARVARD COLLEGE 
LIBRARY 




BOUGHT WTTH INCOMB 

FROM THE BEQUEST OF 

HENRY LILLIE PIERCE 

OF BOSTON 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



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o 



La Société de F Histoire de Paris et de î Ile-de-France- / r . 
a été à deux reprises, en içoj et en 1908, honorée de 
récompenses sur la fondation Jean- Jacques Berger par 
T Académie des inscriptions et belles-lettres. 



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e 



LÉGENDE 

DE 



SAINT DENIS 



REPRODUCTION DES MINIATURES DU MANUSCRIT ORIGINAL 
PRÉSENTÉ EN I3I7 AU ROI PHILIPPE LE LONG 



INTRODUCTION ET NOTICES DES PLANCHES 

PAR 

HENRY MARTIN 

ADMINISTRATEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L' ARSENAL 




A PARIS 
Chez H. CHAMPION 

Libraire de la Société de l'Histoire de Paris 
Quai Malaquais, 5 

1908 



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♦ 



LA 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



Les miniatures représentant soit des monuments réels, soit 
des scènes d'actualité, sont singulièrement rares au moyen âge. 
Ce n r est pas d'hier que date le penchant marqué des artistes pour 
la peinture historique ou soi-disant telle. Si de nos jours la 
reconstitution d'une époque peut quelquefois être faite d'une 
façon aspez correcte, il ne saurait en être ainsi dans un temps où 
les peintres ne possèdent presque aucun moyen de se renseigner, 
même imparfaitement, sur les mœurs des générations disparues. 
Pourtant, le goût du public les y poussant, ce sont bien ces 
reconstitutions qu'affectionnent nos miniaturistes anciens. Par 
un phénomène assez naturel, les spectacles qu'ils ont constam- 
ment sous les yeux ne les intéressent guère et peu nombreux 
sont ceux qui y portent leur attention. Dans leur impuissance à 
en imaginer d'autres, ils sont souvent forcés, il est vrai, de 
revêtir leurs personnages antiques de costumes contemporains; 
pour la même raison, ils copient assez fidèlement aussi les 
meubles dont se servent leurs voisins et dont ils se servent 
eux-mêmes. Mais la plupart ont négligé de reproduire les scènes 
populaires que leur offrait la rue, lorsqu'ils mettaient le pied 
hors de l'atelier, et qui devaient sans doute leur paraître très 
banales. Les tableaux de la vie quotidienne au XX e siècle ne 



Légende di saint Demis. 




2 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



semblent-ils pas encore à beaucoup d'entre nous manquer d'ori- 
ginalité? Et combien, à tort je crois, les jugent peu dignes de 
tenter le pinceau d'un artiste sérieux? 

Les enlumineurs du moyen âge paraissent avoir éprouvé le 
même sentiment de dédain pour l'actualité. On trouve en abon- 
dance à cette époque des représentations de héros, de rois, de 
chevaliers, de personnages occupant un rang élevé, soit dans la 
hiérarchie ecclésiastique, soit dans Tordre civil, quelques types 
populaires aussi, mais toujours les mêmes, comme des soldats, 
des bourreaux, des mendiants, ou encore des figures convention- 
nelles, comme, par exemple, dans les innombrables manuscrits 
du Roman de la Rose, des femmes symbolisant la charité, l'avarice, 
la richesse, la pauvreté. Qjiant aux véritables scènes de la rue où 
revive un peu la physionomie d'une ville, on n'en peut presque 
point citer d'exemples. 

Cette excessive rareté des tableaux populaires a eu pour résul- 
tat de faire attacher un très haut prix aux quelques spécimens 
qu'on en connaît. C'est aussi l'une des raisons qui ont fait porter 
le choix du Comité de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile- 
de-France sur les miniatures qui sont reproduites en phototypie 
dans ce recueil et dont un assez grand nombre nous montrent 
des citoyens de Paris au milieu de leurs occupations journalières. 

Le manuscrit qu'elles décorent contient un récit de la vie 
légendaire ainsi que du martyre de saint Denis, apôtre des 
Gaules, et de ses deux compagnons Rustique et Éleuthère. C'est à 
dessein que je dis « le manuscrit », bien que ces peintures soient 
empruntées réellement à trois volumes conservés à la Biblio- 
^ thèque nationale 1 ; mais la division en trois tomes est tout 
arbitraire, et il est indubitable qu'au moment où ils furent exé- 
cutés ces volumes constituaient un unique manuscrit. 
j M. Léopold Delisle a consacré jadis à notre Légende de saint 

i . Fonds français, n<* 2090, 2091, 2092. 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS • 3 

Denis une étude approfondie \ qui, après quarante années et plus 
nous paraît tout aussi exacte et tout aussi complète que le jour 
où elle fut écrite. Le mieux eût été sans doute de la réimprimer 
simplement ici; mais M. Léopold Delisle ayant manifesté le 
désir que je fusse chargé de présenter ce recueil, je ne pouvais 
me soustraire à l'honneur périlleux de parler d'un sujet dont 
certaines parties ont été déjà traitées par le représentant le plus 
qualifié de l'érudition française. Il ne me restait qu'à tâcher de 
suivre un si bon modèle. 

M. Delisle a montré que l'ouvrage contenu dans le manuscrit 
de la Bibliothèque nationale a pour auteur un moine de l'ab- 
baye de Saint-Denis nommé Yves et que l'exemplaire qui nous a 
fourni nos miniatures avait été offert, en 13 17, au roi Philippe 
le Long par l'abbé de Saint-Denis, Gilles de Pontoise. Ce sont ces 
trois personnages qu'on voit à la planche H. Philippe le Long, 
couronné et tenant la main de justice, reçoit le volume que lui 
présente, un genou en terre, l'abbé Gilles, crossé et mitré. Der- 
rière son abbé se tient, modestement agenouillé lui aussi et tête 
nue, le moine Yves auteur du livre. 

Je ne suivrai point M. Delisle dans sa démonstration pour 
prouver l'identité des trois acteurs de cette scène; mais je lui 
emprunterai l'analyse du plan adopté par l'auteur dans la com- 
position de son livre. « La division de l'ouvrage, écrit 
M. Delisle, est très nettement indiquée dans un des prologues 
qui viennent après l'épître préliminaire. En l'honneur des trois 
personnes de la Sainte-Trinité et en l'honneur des trois mar- 
tyrs, saint Denys, saint Rustique et saint Éleuthère, l'auteur 
a cru devoir diviser le livre en trois parties a : la première com- 

1 . Notice sur un recueil historique présenté à Philippe le Long par Gilles de Pontoise, abbé 
de Saint-Denis, dans Notices et extraits des manuscrits, t. XXI, 2* partie (1865), p. 249-265. 

2. « Libellum autem istum quem ad bonorem sancte et summe ac individue Trinitatis 
de vita et actibus istorum trium Domini testium indomabilium, ex predictorum patrum 
dictis hinc inde sparsis, conscribendum jussu suscepimus, utentes perfecto numéro, silicet 
ternario, secundum materie distinctionem judicamus in très particulas distinguendum. » 
Ms. français 2090, fol. 17; et ms. latin 5286, fol. 3 v°. 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



prend l'histoire de saint Denys depuis sa naissance jusqu'à la 
prédication de saint Paul à Athènes ; la deuxième est un récit 
des actes de saint Denys depuis sa conversion au christianisme 
jusqu'à sa mort ; la troisième est un abrégé de l'histoire de France, 
principalement envisagée dans ses rapports avec le culte de saint 
Denys. » 

Le travail du moine Yves n'était donc pas seulement une vie 
de saint Denis et de ses compagnons martyrs, mais un véritable 
recueil historique, analogue, quoique de proportions bien 
moindres, aux Grandes chroniques, œuvre des religieux de la 
célèbre abbaye. Des trois parties de ce recueil, le manuscrit offert 
à Philippe le Long ne contient plus aujourd'hui que les deux 
premières. La troisième, qui résumait les annales du royaume de 
France depuis la destruction de Troie jusqu'au début du 
XIV e siècle, a disparu de notre exemplaire : c'était apparemment 
la plus intéressante. Le texte nous en a, d'ailleurs, été conservé 
par d'autres manuscrits dont on trouvera plus loin l'indication. 

Outre la rédaction latine, le volume présenté au roi renferme 
encore une traduction française de l'ouvrage du moine Yves. 

Bien que contemporaine du texte original latin, la version 
française, comme il est facile de s'en rendre compte, a été ajou- 
tée sur des feuillets intercalés après coup. Dans les trois tomes 
du manuscrit, les feuillets du texte latin ont tous un titre cou- 
rant ; ceux de la traduction française n'en ont point. 

D'autre part, la réglure n'est pas identique pour les feuillets 
latins et les feuillets français. 

La traduction française a donc été ajoutée dans un manuscrit 
qui n'était d'abord destiné à contenir qu'un texte latin. 

Le volume avait certainement été préparé pour être offert à 
Philippe le Bel; mais l'exécution matérielle d'une telle œuvre 
exigeait plusieurs années. Philippe le Bel mourut avant que le 
travail fût achevé et c'est seulement après le règne éphémère de 
son fils aîné Louis X que le manuscrit se trouva en état d'être 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 5 

présenté au roi. Philippe le Bel était un prince lettré qui enten- 
dait bien le latin. Il est permis de supposer que son second fils 
Philippe le Long ne possédait pas une instruction aussi étendue : 
ce qui aurait engagé les religieux de Saint-Denis à joindre à leur 
œuvre une traduction pour la mettre mieux à la portée du 
monarque et lui en faciliter la lecture. 

Afin d'apporter une nouvelle preuve à l'origine royale du 
manuscrit dont nous nous occupons, M. Delisle n'a pas manqué 
de constater qu'après avoir été offert à Philippe le Long ce beau 
livre paraît être resté entre les mains de ses successeurs. Cin- 
quante ans après la mort du second fils de Philippe le Bel \ le 
volume appartient encore au roi de France; et dans son cata- 
logue de la librairie du Louvre, dressé en 1373, Gilles Malet, 
bibliothécaire de Charles V, le mentionne ainsi : 

€ La vie saint Denys et la vie de XLV1 autres sains, bien ystoriée, 
à chemise de toille a . » 

Sous le règne de Charles VI, le manuscrit n'avait point quitté 
la bibliothèque du roi, et nous en trouvons la description 
plus détaillée dans les inventaires que Jean Le Bègue, greffier de 
la Chambre des comptes, rédigea en 141 1 et 141 3. Les notices 
dressées par Jean Le Bègue sont particulièrement précieuses : 
elles nous donnent les premiers mots du premier et du dernier 
feuillet et elles ont ainsi permis d'identifier avec certitude l'exem- 
plaire de la Légende de saint Denis qui faisait partie de la librairie 
de Charles V et de Charles VI avec le manuscrit français 2090, 
2091, 2092 de la Bibliothèque nationale. 

Voici la description donnée par Jean Le Bègue : 

« Item, la vie saint Denis et la vie de quarante six autres sains, 
bien historié^ à chemise de toille à queue, escript de lettre formée, 
en françois et latin, commençant ou 11° fo. nobis ut mundi, 

1. Philippe le Long mourut le 3 janvier 1322 après un règne de cinq années. 

2. Bibl. nat., ms. fr. 2700, fol. 9 v©. 



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UÈGENDE DE SAINT DENIS 



et ou derrenier donnant aux royaulx ; à 11 fermouers d argent 
dorez x - » 

Le signalement indique bien exactement notre manuscrit; 
mais il nous fournit encore un autre renseignement intéressant- 
On remarquera qu'il n'est fait là aucune mention de la troisième 
partie du Recueil historique composé par le moine Yves : c'est 
que déjà à cette époque elle en avait été détachée. Charles V et 
Charles VI n'ont donc connu ce somptueux manuscrit qu'in- 
complet comme nous le possédons aujourd'hui. 

Le volume, d'ailleurs, ne devait pas tarder à quitter la biblio- 
thèque du roi ; il en sortit bien avant la mort de Charles VI, dès 
1414, semble-t-il, c'est-à-dire dans l'année même qui suivit celle 
où Jean Le Bègue en donna sa seconde description. 

Au cours du XV e siècle notre manuscrit figura sans doute 
quelque temps entre les mains de Jeanne de Laval, deuxième 
femme du roi René d'Anjou, et l'on peut croire que c'est cette 
princesse qui fit peindre ses armes au bas du premier feuillet du 
tome I a . 

D'autres armes encore ont été ajoutées à, la fin du dernier 
volume, de gueules au léopard iïor, armé et lampassé (Taqur. Ce sont 
les armes de Guyenne; mais il serait difficile d'indiquer avec 
certitude le personnage qui les y fit mettre. 

Après trois siècles et demi, le précieux ouvrage du moine Yves 
devait être réintégré dans la Bibliothèque du roi. A la suite de 
péripéties que nous ignorons, le manuscrit jadis offert à Philippe 
le Long avait été recueilli par le comte de Béthune, aux armes 
duquel il est relié. Est-ce ce grand seigneur bibliophile, ou plutôt 
son bibliothécaire qui eut la fâcheuse idée de faire diviser le 
livre en trois tomes pour en rendre le maniement plus aisé? 
Cela n'a rien que de très vraisemblable. Quoi qu'il en soit, Hip- 
polyte comte de Béthune résolut, comme on sait, d'offrir au 

1. Bibl. nat., ras. fr. 2700, fol. 61. 

2. Planche 1. 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



roi tous ses manuscrits, formant environ deux mille volumes, 
ainsi que ses tableaux, crayons, statues, bronzes antiques, etc. 
C'est au mois de décembre 1662 que Louis XIV accepta le 
don princier du comte de Béthune. C'est donc aussi à ce moment 
que notre manuscrit reprit heureusement dans la Bibliothèque 
dû roi la place qu'il n'aurait jamais dû quitter. Le joyau revenait 
intact : toutes les peintures avaient été respectées. Comme au 
temps de Philippe le Long, de Charles V, de Charles VI, le 
manuscrit contenait soixante-dix-sept miniatures et trois ini- 
tiales à personnages. 

La belle série de ces petits tableaux nous donne une illustra- 
tion complète de la vie du premier évêque de Paris, depuis le 
temps où, attaché encore au culte des dieux du paganisme, il 
tenait à Athènes l'un des premiers rangs parmi les savants et les 
philosophes, jusqu'au jour où, en compagnie de Rustique et 
d'Éleuthère, il souffrit le martyre sur la colline de Montmartre et 
de là se rendit, portant sa tête dans ses mains, au village de Catul- 
liacum. L'enlumineur, suivant fidèlement le texte du moine Yves, 
a même poussé les choses un peu plus loin. Il nous a montré 
les événements qui suivirent la mort du martyr : l'enlèvement 
des corps de Rustique et d'Éleuthère par Catulla et leur énseve- 
lissement auprès des restes de saint Denis, l'arrivée de saint 
Rieule à Paris, la mort de Domitien, la conversion de Qjuintilien, 
gouverneur de Senlis, le départ pour Rome de saint Saintin et de 
saint Antonin, la mort et la résurrection de ce dernier, leur 
réception par le pape Anaclet, enfin leur retour à Meaux. La der- 
nière miniature de notre recueil représente la mort ou plus exac- 
tement le servite funèbre de saint Saintin, présidé par son succes- 
seur saint Antonin, entouré des chanoines de son église. 

Autrefois le manuscrit, qui est sur parchemin, comprenait 422 
feuillets. Depuis qu'il a été dépecé et relié en trois tomes, le pre- 
mier contient 178 feuillets; le second, 133 ; et le troisième, ni. 
Les volumes ont été inégalement rognés par le relieur : c'est ainsi 




8 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



que, tandis que les deux derniers mesurent 240 millimètres sur 
155, les dimensions du premier sont seulement de 23 5 sur 150. Le 
texte est écrit à longues lignes. Les pages sontformées de 24 lignes, 
quelques-unes de 26. Il y a des réglures. Les initiales sont en or 
et en couleurs. Les titres courants, qui sont rouges et bleus, ne 
sont tracés qu'au haut des pages comprenant le texte latin. 
Comme tous les manuscrits très soignés, celui-ci comporte des 
fins de lignes en or et en couleurs. 

Il est hors de doute que le moine Yves a composé d'abord son 
ouvrage en latin : M. Delisle en a fourni des preuves, sur les- 
quelles je ne reviendrai pas. Quant à la traduction française, il 
semble tout aussi certain qu'elle est l'œuvre du même religieux 
ou qu'elle a du moins été faite sous ses yeux et avec son 
approbation. 

Ce serait une comparaison fort instructive que celle de ces 
deux textes, dont l'un est l'original que l'autre essaie de repro- 
duire aussi exactement que possible. Nous avons affaire là à 
un auteur qui, ayant composé un ouvrage dans une langue 
qui n'est pas la sienne, s'efforce, sans s'éloigner de sa pensée 
primitive, en la suivant même servilement mot par mot, de trans- 
porter dans sa propre langue son texte original. L'intérêt d'un 
semblable travail n'échappera à personne. Après avoir écrit un 
mot latin, Yves en donne l'équivalent français, et le sens que l'au- 
teur attribue au mot français est souvent très inattendu et tout 
à fait différent du sens que nous lui donnerions si nous ne con- 
naissions pas le texte latin. On en trouve des exemples à chaque 
page : j'en indiquerai deux que la présente publication met sous 
les yeux du lecteur. Nos planches xxi et xxn contiennent 
quelques phrases des chapitrés xlvi et xlvii en latin et en fran- 
çais. Or, on constate que mystica tbeologia y est traduit par la 
debonaire théologie, et simbolica tbeologia par la conqueillie théologie. 
Je ne sache pas que jamais personne ait songé à attribuer au mot 
débonnaire le sens de mysticus, ni au mot conqueilli le sens de 




1 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



symbolicus. Sans doute il est permis de supposer que le moine 
de Saint-Denis, un peu embarrassé pour se traduire lui-même, 
a pu exceptionnellement mal choisir ses mots ; mais avons-nous 
le droit de dire qu'un français de l'Ile-de-France, érudit et lettré, 
choisi par son abbé pour composer un ouvrage destiné au roi, 
ignorait la signification de la plupart des termes de sa langue ? 
Cela n'est guère admissible : aussi semble-t-il que la comparaison 
des mots latins et français employés par lui pour traduire identi- 
quement la même pensée pourrait contribuer à faire mieux con- 
naître ce qu'était notre langue au début du XIV e siècle. Il serait 
intéressant de faire à rebours le travail du moine Yves, c'est-à- 
dire de porter sur fiches certains mots français employés 
par ce religieux en les faisant suivre des mots latins dont les 
premiers ne sont que la traduction. Mais c'est là une question 
qui ne touche point directement l'histoire du premier évêque 
de Paris. 

On connaît de la vie de saint Denis plusieurs rédactions que 
M. Paul Meyer a étudiées à diverses reprises et auxquelles il a 
consacré tout récemment d'excellentes notices f . Ce récit sous ses 
différentes formes se retrouve dans un assez grand nombre de 
manuscrits : je me contenterai de signaler ceux dont les illustra- 
tions ont du rapport avec les nôtres. 

Le plus ancien paraît être celui qui fut offert, en 1877, par 
M. le duc de La Trémoïlle à la Bibliothèque nationale, où il 
porte le n° 1098 du fonds français des Nouvelles acquisitions. 
Au moment où la Bibliothèque nationale le reçut, M. Léopold 
Delisle a minutieusement et savamment décrit ce volume*, 
dont les trente peintures ont été tout dernièrement réunies en 

1. Cf. Paul Meyer, Légendes hagiographiques en français, dans Hist. litt. de la France, t. 
XXXIII (1906), p. 328-458, et plus spécialement p. 345, 385-387, 399, 400, 402, 407, 
409,417,434» 437» 438. 

2. Cf. Bibl. de f École des chartes, t. XXXVIII (1877), p. 444-476; — et Mélanges de 
paléographie et de bibliographie (1880), p. 239-255. 



Légende de saint Denis. 



a 




\ 



10 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



un album avec préface et notices des planches par M. Henri 
Omont \ Le manuscrit du duc de La Trémoïlle a été exécuté en 
Tannée 1250, c'est-à-dire plus d'un demi-siècle avant celui qui 
fait l'objet de la présente publication. La comparaison entre ces 
deux séries de tableaux sera d'autant plus instructive que les 
sujets traités sont souvent les mêmes : on pourra donc juger des 
progrès considérables réalisés dans la seconde moitié du 
xin e siècle par les enlumineurs de la région parisienne. Je me 
borne à signaler l'intérêt de cette comparaison, renvoyant pour 
le surplus à l'étude approfondie qu'en ont faite MM. Delisle et 
Omont dans les publications déjà mentionnées. 

Deux autres manuscrits contemporains du nôtre méritent plus 
encore de retenir l'attention. 

Le premier, qui est le latin 5286 de la Bibliothèque nationale, 
renferme le texte complet du Recueil du moine Yves, avec la 
troisième partie consacrée à l'histoire abrégée des rois de France 
jusqu'au règne du second fils de Philippe le Bel. Le texte de 
ce manuscrit offre donc un très réel intérêt. Quant à l'illustra- 
tion, elle nous fait connaître ce que devaient être les peintures 
décorant cette troisième partie qui a disparu dans l'exemplaire 
présenté à Philippe le Long. Pour la première et la seconde, 
les sujets, sauf quelques différences insignifiantes, sont traités 
de façon si exactement identique dans les deux manuscrits qu'il 
faut admettre, ou bien que les illustrateurs ont travaillé d'après 
les mêmes modèles, ou bien que le miniaturiste de l'un des 
manuscrits a copié les dessins de l'autre. Les vers latins qui 
accompagnent chaque tableau sont aussi les mêmes. Toutefois, 
le manuscrit latin 5286 ne contient aucune enluminure, mais 
seulement des dessins au trait, des portraits d'encre, comme 
on disait alors. Rien ne permet d'affirmer que ces dessins 

1. Vie et histoire de saint Denys, reproduction des }0 miniatures du manuscrit français 
N. A. 1098 de la Bibliothèque nationale. Paris, Berthaud frères, s. d. 




LÉGENDE DE SAINT DENIS 



II 



fussent destinés à être coloriés. L'illustration du manuscrit était 
restée, d ailleurs, inachevée, et ce n'est que tardivement, sous le 
règne de Louis XII, qu'elle a été complétée par des artistes 
médiocres qui se sont efforcés assez maladroitement d'imiter 
la manière de leurs devanciers. Le pastiche n'est pas bon ; 
mais il en est tout autrement des dessins originaux exécutés 
au commencement du XIV e siècle : ils sont fort remarquables et 
ne le cèdent guère à nos miniatures. Le 5286 contient même 
quelques figures qui ne se trouvent pas dans le manuscrit 
présenté au roi. C'est ainsi qu'après notre planche vu il nous 
montre (fol. 8) un grand dessin à pleine page : le Christ en croix 
entre la Vierge et saint Jean, avec les deux gardes, l'un perçant 
le flanc du Crucifié, l'autre lui présentant l'éponge. Au fol. 36 
se voit également un dessin qui manque dans notre manuscrit 
et qui devrait se trouver entre nos planches xix et xx. Cette figure 
est accompagnée des vers suivants : 



La Bibliothèque nationale possède encore un autre manuscrit 
d'un grand intérêt : c'est le 13836 du fonds latin (anc. Saint- 
Germain 1082). U est incomplet malheureusement et ne renferme 
que les chapitres lvii-clxviii de la troisième partie du Recueil 
historique du moine Yves. Exécuté en 13 17 par Guillaume L'Es- 
cot, il nous donne le texte latin 1 ; mais la version française a été 
copiée sur les marges. Ce volume permet donc de combler, sauf 
pour les cinquante-six premiers chapitres de la troisième partie, 
la lacune créée dans le texte français par la perte de la fin du 
Recueil offert à Philippe le Long. L'illustration du manuscrit est 
fort remarquable et le fait proche parent de la Bible de Robert de 
Billyng ou de 1)27, qui fut enluminée par Jean Pucelle et ses 
compagnons Anciau de Cens et Jaquet Maci. 

1. Ce texte a été en partie publié, sous le nom du copiste Guilklmus Scotus, dans Recueil 
des historiens des Gaules et de la France, t. XX, p. 45-57, 540*541, et t. XXI, p. 201-211. 



Sunt hec digna Deo que describit Thimotheo 
Ac toti mundo libro pater iste secundo. 




12 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



Le texte complet de cette troisième partie se trouve dans deux 
autres manuscrits, l'un appartenant à la Bibliothèque royale de 
Berlin le second à la Bibliothèque du Vatican 2 . 

Le recueil du moine Yves a donc été assez souvent copié ; il 
fut aussi mis à profit dans les siècles suivants, notamment par 
un auteur qui, en 1445, écrivit une compilation sur la vie et le 
culte de saint Denis \ Plus tard, d'autres ouvrages consacrés 
à l'histoire du premier évêque de Paris furent établis probable- 
ment encore à l'aide du livre de notre religieux. L'un de ces 
manuscrits fut copié pour Charles VIII qui a mis sa signature 
sur le feuillet de garde 4 ; un autre, qui contient d'assez nom- 
breuses peintures traitant les mêmes sujets que les nôtres et 
peut-être inspirées par elles, a été vraisemblablement exécuté 
pour Louis XII 5 ; un troisième encore, qui se trouve aujourd'hui 
à Oxford 6 , paraît avoir été fait pour le cardinal d'Amboise. Il y 
en eut d'autres sans doute; mais les signaler n'apporterait pas 
grande lumière à ce qui a été dit du travail du moine Yves. 

Je ferai pourtant une exception en faveur d'un petit livre ren- 
fermant une compilation du même genre : c'est un volume qui 
fut imprimé, semble-t-il, dans le premier quart du xvi e siècle. Il 
porte pour titre : La cronicque saint de\\nis pasteur de france. Cette 
plaquette est formée de sept cahiers signés par A-G, les six 
premiers de 8 feuillets (compris dans A le feuillet de titre), et le 
septième de 4 feuillets seulement : le verso du dernier feuillet 
est blanc. Il y a 25 lignes à la page. Le volume est Sans date et 
ne mentionne ni libraire ni imprimeur. Le commencement est 
ainsi : Le prologue de lacteur traicte sommairement pour descendre a 

1. Cf. Stenzel, dans Pertz, Archiv, II, 77; — et Renan, dans Archives des missions, 
\f série, I, 432. 

2. Fonds de la Reine, n° 695. — Cf. Renan, dans Archives des missions, i** série, I, 
429 ; — et Élie Berger, Bibl. des Écoles françaises d> Athènes et de Rome, fascicule VI, p. 14 . 

3. Bibl. nat., ms. lat. 17631, fol. 31-82. 

4. Bibl. nat., ms. fr. 5868. 

5. Bibl. nat., ms. fr. 24948. 

6. Bibl. Bodléienne, Douce 92. 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



sa matière corne no\\stre seigneur monta es ciefy veans tous ses\\apostres. 
et sa mere ou milieu le jour de las\\senscion. La vie et les miracles 
de saint Denis y sont si clairement racontés et dans une langue 
si savoureuse que je n'hésite pas à signaler ce petit volume que 
sa rareté seule suffirait à rendre précieux aux bibliophiles 



Afin de faciliter l'intelligence des divers tableaux qui com- 
posent ce recueil et d'aider à suivre la trame de l'histoire que les 
enlumineurs avaient reçu mission d'illustrer, je rappellerai avec 
quelques détails les principaux traits de la vie de saint Denis 
telle que le moyen âge l'a admise. 

La légende ne faisait point distinction entre saint Denis l'Aréo- 
pagite et saint Denis apôtre de Paris. Non pas que l'identité des 
deux personnages ait jamais été reconnue par tous ; mais, malgré 
les polémiques nombreuses qui se sont élevées à ce sujet, l'église 
de Paris s'est, pendant des siècles, montrée favorable à l'origine 
athénienne de son premier évêque. 

Dans cette hypothèse, Denis, que mentionnent les Actes des 
apôtres % était juge de l'Aréopage et professait la philosophie à 
Athènes, divisée alors en cinq quartiers, dont chacun était con- 
sacré à un dieu (pl. v). Il avait pour femme Damaris. Quand il eut 
atteint l'âge de vingt-cinq ans environ, Denis attiré par la renom- 
mée des savants égyptiens se rendit à Héliopolis, avec un de ses 
compagnons d'étude, pour s'y perfectionner dans la connaissance 
des astres (pl. vi). C'est pendant qu'ils étaient l'un et l'autre en 
cette ville qu'eut lieu l'éclipsé de soleil qui accompagna la mort 

1. La Bibliothèque de l'Arsenal possède, sous la cote H. 5056, un exemplaire de ce 
livre, qui a appartenu à D. Fr. Secousse. La reliure, ornée d'abeilles et de roses, est à peu 
près contemporaine de l'impression. 

2. Chap. XVII, v. 34. 




14 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



du Christ. Denis fut très impressionné par ce phénomène, et, n'y 
trouvant point de cause naturelle, déclara que c'était là, à coup 
sûr, l'indice de la souffrance et de la mort d'un dieu (pl. vu). De 
retour à Athènes, il reprit son enseignement (pl. vin); puis, tou- 
jours sous le coup de son émotion, il y fit élever le fameux 
autel au dieu inconnu (pl. ix) qui permit à saint Paul de com- 
mencer sa prédication aux Athéniens. Apollon fut des premiers 
à se convertir au christianisme (pl. x). Ayant écouté les discours 
de saint Paul aux philosophes (pl. xi) et en particulier son expli- 
cation du dieu inconnu (pl. xn), Denis et sa femme Damaris ne 
tardèrent pas à suivre l'exemple d'Apollon (pl. xm); mais ce 
n'est pourtant qu'après avoir été témoins d'un miracle opéré par 
saint Paul sur un aveugle, auquel il rendit la vue (pl. xrv et xv), 
qu'ils furent enfin baptisés par l'apôtre (pl. xvi). A quelque 
temps de là, saint Paul sacrait Denis évêque d'Athènes (pl. xvn). 
Aussitôt celui-ci commença à prêcher l'évangile aux Athéniens 
et à faire renverser les statues des dieux (pl. xvin); puis il 
écrivit divers traités, entre autres celui de la Hiérarchie céleste 
(pl. xix). 

La légende admettait encore que l'Aréopagite avait été, comme 
les apôtres, transporté sur une nuée à Jérusalem pour y assister à la 
dormition de la Vierge. Nos miniatures nous le montrent pré- 
sent en effet au moment de la mort et de l'assomption de la 
mère du Christ (pl. xx). 

. Après cet événement, saint Denis revint à Athènes et partagea 
son temps entre le gouvernement de son église et la composition 
d'ouvrages ? tels que le traité des Noms divins (pl. xxi et xxn). Il 
se trouvait à Pélion quand lui parvint la nouvelle que les saints 
Pierre et Paul avaient été jetés en prison sur l'ordre de Néron. 
Désirant ardemment visiter les apôtres dans leur cachot, saint 
Denis s'empressa de confier l'église d'Athènes à un autre 
pasteur (pl. xxrv) et il s'achemina vers Rome. Au cours de son 
voyage, il s'arrêta auprès de saint Carpe, évêque de Beroë. Celui-ci 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



lui raconta une vision qu'il venait d'avoir (pl. xxm) et dont saint 
Denis nous a conservé le récit dans sa vin e épître adressée au 
moine Démophile. 

Lorsque saint Denis arriva à Rome, Néron avait déjà fait 
mettre à mort Pierre et Paul (pl. xxv) : c'est saint Clément qui 
occupait le siège pontifical. Le nouveau pape connaissait Denis 
depuis longtemps, aussi l'accueillit-il avec honneur (pl. xxvi); il 
conféra plusieurs fois avec lui et ne tarda pas à le charger du 
soin d'aller évangéliser les Gaules (pl. xxvii). L'Aréopagite, en 
compagnie de saint Rustique, de saint Éleuthère et de beaucoup 
d'autres clercs, se mit en route sur-le-champ. 

La ville d'Arles devait être sa première station. Par la seule 
force de sa prière, il y détruit une statue du dieu Mars qui était 
en grande vénération aux habitants (pl. xxviii). Après avoir opéré 
quelques conversions, il y fait la dédicace d'une église, y établit 
pour évêque saint Rieule, y sacre encore d'autres évêques, y 
ordonne des prêtres (pl. xxix), les envoie de toutes parts prêcher 
l'évangile, puis il quitte lui-même la ville (pl. xxx). 

La légende est muette sur les incidents qui marquèrent les 
diverses étapes du voyage de saint Denis à travers les Gaules, 
et nous le perdons de vue jusqu'au jour où il arrive enfin à 
Paris, but suprême de la mission que le pape Clément lui avait 
confiée (pl. xxxi). A peine a-t-il pénétré dans la ville des Pari- 
siens qu'il y commence sa prédication. Lisbius fut le premier 
qui, vaincu par la parole de Denis, adopta la religion du Christ 
(pl. xxxn). 

Encouragé par ce premier succès, le saint construit une église, 
baptise quelques néophytes (pl. xxxm) ; puis, comme il l'avait fait 
à Arles, il ordonne des prêtres, sacre des évêques (pl. xxxiv) et 
les charge d'aller porter l'évangile chez les autres peuples de la 
Gaule (pl. xxxv). Toutefois, malgré le zèle déployé par saint 
Denis (pl. xxxvi), les conversions ne paraissent pas avoir été dès le 
début très abondantes à Paris, car, si l'on en croit le P. Chifflet, 




lé 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



les Parisiens de ce temps-là « estoient plus muets que des pois- 
sons et si abrutis qu'ils sembloient estre incapables de recevoir 
les lumières divines » \ 

Peu à peu cependant le nombre des conversions étant venu à 
s'accroître, les prêtres païens en prirent de l'ombrage et décidèrent 
d'envoyer des délégués à Rome vers Domitien pour lui demander 
aide et protection contre saint Denis et les sectateurs de la nou- 
velle religion (pl. xxxvn). L'empereur accueillit les délégués avec 
bienveillance (pl. xxxvm); il fit former sans retard une troupe 
d'hommes d'armes (pl. xxxix), et, ayant mis à leur tête le « prévôt » 
Sisinnius, il leur donna l'ordre de marcher en hâte sur Paris 
(pl. xl). Averti de l'approche des soldats romains (pl. xli) et 
connaissant d'avance le sort qui lui était réservé, Denis fit appe- 
ler Saintin, évêque de Meaux, et Antonin, les chargea de noter 
avec soin tous les détails de sa vie et de son martyre, ainsi que 
ses discours et ses réponses à l'envoyé de Domitien, et leur enjoi- 
gnit d'en porter, après sa mort, le récit au pape de Rome pour 
l'édification des nouveaux chrétiens et plus spécialement de ses 
anciens disciples les néophytes d'Athènes (pl. xlii). 

Sisinnius étant arrivé aux portes de Paris, les prêtres païens 
accompagnés des citoyens restés fidèles au culte des anciens 
dieux se portent en foule au-devant de lui (pl. xliii) et 
réclament une action immédiate contre les adversaires de la reli- 
gion établie (pl. xliv). Le prévôt romain fait aussitôt recher- 
cher (pl. xlv) et amener à son tribunal saint Denis, saint 
Rustique et saint Éleuthère; il les adjure de renoncer à leurs 
intrigues qui agitent et divisent le peuple et de faire acte de 
soumission à l'empereur en adorant les dieux. Devantleur refus, 
Sisinnius s'emporte et traite Denis de misérable vieillard. 
Celui-ci lui répond qu'il est vieux par l'âge en effet, mais 

i. Dissertation touchant saint Denys VAriopagite, évesque de Paris, extraite du latin du 
P. Pierre-François Chifflet, de la Compagnie de Jésus, et traduite en françois par le mesme 
auteur (Paris, Jean de la Caille, 1676, in-12), p. 26. 




LÉGENDE DE SAINT DENIS 



jeune et vaillant pour la défense de sa foi (pl. xlvi). Puis 
les saints personnages proclament tout d'une voix qu'ils adorent 
un dieu unique en trois personnes (pl. xlvii). 

Sur ces entrefaites, une femme de Paris, nommée Larcia, se 
présente devant le prévôt et accuse Denis et ses compagnons 
d'avoir séduit Lisbius, son mari, par leurs enchantements et 
de l'avoir éloigné d'elle (pl. xlviii). Lisbius s'avance à son tour ; 
il crie son mépris pour les dieux et se proclame disciple du 
Christ que lui a enseigné saint Denis (pl. xlix). Il est immédia- 
tement mis à mort (pl. l) : c'est le premier martyr chrétien de 
Paris. 

Alors commence pour les saints personnages une série d'inter- 
rogatoires et de tortures, que devait terminer un arrêt de mort 
prononcé par l'envoyé de Domitien. Les interrogatoires ne dif- 
fèrent point entre eux : c'est toujours la reconnaissance des 
dieux et l'abjuration de la foi chrétienne qu'exige le prévôt 
de Rome. Les réponses de saint Denis, de saint Rustique et de 
saint Éleuthère sont aussi toujours identiques : ils refusent net- 
tement d'obéir aux ordres de Sisinnius. 

Chacun de ces refus est suivi de l'application d'une peine. 
Saint Denis et ses compagnons sont d'abord dépouillés de 
leurs vêtements et flagellés (pl. li); ils sont ensuite chargés de 
chaînes et jetés en prison (pl. lu). Amenés de nouveau 
devant Sisinnius (pl. lui), ils sont attachés sur des planches et 
flagellés pour la seconde fois (pl. liv). Abandonnant alors 
saint Rustique et saint Éleuthère (pl. lv), le prévôt romain 
donne l'ordre de faire subir à Denis seul diverses épreuves sous 
les yeux de ses deux compagnons (pl. lvi). Le saint est succes- 
sivement étendu sur un gril ardent (pl. lvii), exposé comme 
Daniel à la colère de bêtes affamées (pl. lviii), enfermé dans un 
four brûlant (pl. lix) et enfin attaché sur une croix (pl. lx). 
Toutes ces tortures n'ayant pu vaincre la résistance de l'évêque, 
Sisinnius donne l'ordre de le reconduire dans la prison, où il fait 

Légende dé samt Denis, j 




t 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



enfermer avec lui non seulement saint Rustique et saint Éleu- 
thère, mais aussi tous les nouveaux convertis qu'il a pu décou- 
vrir (pl. lxi). 

Cest ici que se place l'un des épisodes les plus connus de la 
vie légendaire de notre saint. Pendant une messe que célébrait 
Denis dans sa prison, le Christ lui apparut et lui administra lui- 
même la communion (pl. lxii). Peintres et enlumineurs du 
moyen âge ont figuré à l'envi cette scène. Toutefois, dès la fin 
du xiv e siècle et dans tout le cours du XV e , les artistes l'ont 
comprise d'une façon un peu différente. L'auteur de nos minia- 
tures nous montre ici le Christ dans la prison même, au milieu 
des captifs. Plus tard, Jésus sera figuré au dehors présentant 
l'hostie à saint Denis à travers les barreaux de la grille qui ferme 
le cachot. 

Sisinnius ayant fait ramener les chrétiens devant lui les met 
en demeure ou d'adorer les dieux ou de se résoudre à mourir 
(pl. lxiii). Ceux-ci n'hésitent pas, ils choisissent la mort. Espérant 
toutefois vaincre encore leur résistance, le prévôt romain leur 
montre les corps pantelants des Parisiens qu'ils avaient convertis 
au christianisme et qui viennent d'être suppliciés à cause d'eux 
(pl. lxiv). Cet affreux spectacle est impuissant à modifier leur 
attitude. Sisinnius les fait alors flageller pour la troisième fois 
(pl. lxv), et, en proie à une colère violente, donne enfin l'ordre de 
trancher la tête à saint Denis, à saint Rustique et à saint Éleu- 
thère (pl. lxvi). La sentence de Sisinnius est exécutée sur-le- 
champ. Après la décapitation, les bouches des trois martyrs pro- 
noncèrent encore distinctement le nom de : Jésus (pl. lxvii). 

A ce moment se produit le miracle qui de toute la vie et du 
martyre de saint Denis est resté le plus populaire. En présence 
de Larcia, et tandis que les âmes des martyrs sont transportées au 
ciel, l'évêque décapité se relève, prend sa tête dans ses mains, 
puis, guidé et soutenu par deux anges, il s'éloigne (pl. lxviii). 
De Montmartre, où a eu lieu l'exécution, il chemine, portant son 




LÉGENDE DE SAINT DENIS 



précieux fardeau, « l'espace d'une bonne lieue », disent les vieilles 
chroniques, et arrive enfin à la maison d'une a preude femme » 
nommée Catulla, habitant un village appelé de son nom Catul- 
liacum. Après que Catulla eut reçu des mains du martyr la tête 
sanglante, elle fit placer le corps dans un tombeau à proximité de 
sa demeure et y déposa elle-même le chef si miraculeusement 
transporté (pl. lxix). Cest le village de Catulliacum qui prit plus 
tard le nom de Saint-Denis. 

Quant à Larcia, femme ou plutôt veuve du martyr Lisbius, 
elle n'a pu résister. Témoin du miracle du saint portant sa tête, 
elle se convertit, brave la colère de Sisinnius, se proclame chré- 
tienne et marche héroïquement à la mort (pl. lxx). 

Moins favorisés que saint Denis leur patron, Rustique et Éleu- 
thère avaient subi le sort ordinaire des condamnés. Leurs 
dépouilles ftiortelles, têtes et corps, étaient restées sur le lieu du 
supplice ; et, de peur que les chrétiens ne les ensevelissent hono- 
rablement, il fut décidé que les restes des deux compagnons 
de Denis seraient jetés à la Seine. On les plaça donc dans une 
barque pour les conduire à l'endroit le plus profond du fleuve; 
mais Catulla survenant détourne l'attention des hommes chargés 
de cette besogne, elle les invite à un festin, et, pendant qu'ils 
boivent, peut-être un peu plus que de raison, elle donne à ses 
serviteurs l'ordre d'enlever les corps des saints (pl. lxxi) et de les 
enfouir en un champ labouré, prêt pour les semailles. Peu de 
temps après elle les fit déterrer secrètement et réunit leurs restes 
mortels à ceux de saint Denis (pl. lxxii). 

Tandis que ces événements se déroulaient à Paris, il advint 
qu'un jour saint Rieule célébrant la messe à Arles ajouta par 
mégarde et comme mû par une volonté extérieure les noms de 
saint Denis et de ses compagnons aux noms des apôtres. Ëtonné 
il s'arrête et ne sait à quelle cause attribuer sa distraction, quand, 
levant les yeux sur le crucifix de l'autel, il y voit trois colombes, 
chacune portant le nom de l'un des martyrs écrit en lettres de 




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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



sang sur sa poitrine (pl. lxxiii). Saint Rieule ne doute plus alors 
que l'apôtre des Parisiens vient d'être mis à mort, ainsi que Rus- 
tique et Éleuthère. Sa résolution est prise aussitôt: il remet 
l'église d'Arles aux mains d'un autre évêque et se dirige vers 
Paris. Dès son arrivée il s'enquiert du lieu où ont été déposés 
les corps de ses saints amis; après bien des recherches, il 
découvre la maison de Catulla qui le reçoit avec honneur et le 
conduit à la sépulture des martyrs. Afin de perpétuer à jamais 
leur souvenir, saint Rieule, sous la dictée de Catulla, écrit sur la 
pierre de chaque tombe le nom et les faits mémorables de celui 
qui y repose. Cependant la sainte femme qui avait tant fait pour 
la gloire de ces premiers disciples du Christ n'était point encore 
chrétienne elle-même : elle reçoit enfin le baptême des mains de 
saint Rieule (pl. lxxtv). 

C'est vers ce même temps que Domitien, qui venait de se pro- 
clamer dieu, fut frappé tandis qu'il siégeait sur le trône impérial. 
Il périt sous les coups de ses assassins, et son corps profané, 
traîné par les rues, fut jeté aux chiens (pl. lxxv). A la nouvelle 
de la mort de son protecteur, Sisinnius épouvanté abandonna 
son poste et se hâta de regagner l'Italie. 

La persécution contre les nouveaux chrétiens s'étant un peu 
apaisée après le départ de Sisinnius, saint Rieule, à la demande 
de Catulla, se rendit à Senlis qui avait alors pour gouverneur 
Qjiintilien. Dans la nuit qui précéda l'arrivée à Senlis de l'évêque 
d'Arles, saint Denis et ses deux compagnons se montrèrent en 
songe au gouverneur et l'exhortèrent à se convertir. Aussi Quin- 
tilien ne fit-il aucune difficulté pour recevoir le baptême que lui 
offrait saint Rieule (pl. lxxvi). 

Pendant l'absence de ce dernier, Catulla n'était point demeu- 
rée inactive. Sur la tombe des trois martyrs elle avait fait élever 
une modeste église de bois, que saint Rieule à son retour s'em- 
pressa de consacrer (pl. lxxvii). 

Mais il restait encore à accomplir une des dernières volontés 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



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exprimées par saint Denis peu de temps avant sa mort. Saintin, 
évêque de Meaux, et son compagnon Antonin n'avaient point 
oublié les ordres de l'Aréopagite. Fidèles à leurs promesses, ils 
avaient noté tous les détails de la passion des saints Denis, Rus- 
tique et Éleuthère. Ils se mettent donc en route pour Rome afin 
d'en présenter le récit au pontife ; mais à leur arrivée dans une 
ville de Lombardie, l'un des deux compagnons, saint Antonin, 
tombe gravement malade. Saintin, forcé de continuer seul le 
voyage, remet à leur hôte une bourse bien garnie, en lui recom- 
mandant de prodiguer au malade les soins les plus empressés et 
en l'adjurant, si Antonin venait à mourir, de l'ensevelir avec toute 
la révérence et tous les honneurs dus à un si saint personnage. 
L'hôte promit avec serment de se conformer aux prescriptions de 
l'évêque de Meaux ; mais à peine celui-ci était-il parti qu'Antonin 
rendait le dernier soupir. Sans se soucier des promesses faites ou 
tout au moins de l'argent reçu, l'hôte se hâta de se débarrasser 
du cadavre de la façon la plus ignominieuse : il ne craignit pas 
de le jeter dans la fosse où se déversaient toutes les ordures de 
la maison et des étables (pl. lxxviii). 

Un tel acte ne pouvait demeurer impuni. Averti miraculeu- 
sement, Saintin rebrousse chemin ; il revient à la maison de 
l'hôte infidèle; il lui réclame son ami. Le coupable avoue sa faute 
et est l'objet d'une sévère réprimande ; mais Saintin, touché de 
son repentir, lui accorde néanmoins le pardon. Puis il s'ap- 
proche de la fosse, appelle Antonin, le ressuscite, le lave, le 
communie, et tous deux reprennent le voyage interrompu 
(pl. lxxix). Ils arrivent à Rome, y sont honorablement reçus 
par le pape Anaclet et remettent entre ses mains le Recueil de la 
vie, des actes et de la mort de saint Denis (pl. lxxx). 

Ayant ainsi accompli les volontés dernières de l'apôtre des 
Parisiens, les deux compagnons revinrent en France. Saint Saintin, 
après avoir gouverné quelque temps encore son diocèse, s'étei- 
gnit doucement, assisté de son fidèle Antonin (pl. lxxxi) qui lui 
succéda sur le siège épiscopal de Meaux. 



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22 



LÉGENDÉ DE SAINT DENIS 



Telle fut la légende de saint Denis admise par l'église de Paris 
et par le peuple pendant la plus grande partie du moyen âge. Il 
est à peine besoin d'ajouter que la critique moderne a distingué 
deux saints Denis. L'un, l'Aréopagite, évêque d'Athènes, disciple 
de saint Paul, aurait été martyrisé vers l'an 95. L'autre, évêque 
de Paris dans la seconde moitié du 111 e siècle, aurait quitté Rome 
pour évangéliser les Gaules en l'an 250; il aurait eu pour com- 
pagnons Rustique et Ëleuthère et aurait été mis à mort sur 
l'ordre d'un gouverneur romain nommé Pescennius ou Sicinnius 
Lescennius. 

C'est à l'Aréopagite qu'on a attribué le traité des Noms 
divins, le traité de la Hiérarchie céleste, celui de la Hiérarchie 
ecclésiastique, la Théologie mystique et divers autres ouvrages qui 
semblent avoir été, en réalité, composés au V e siècle. Aujourd'hui 
l'Église admet l'existence des deux saints Denis ; elle fête l'Aréo- 
pagite le 3 octobre, et l'évêque de Paris le 9 du même mois. Il 
suffira d'avoir indiqué ici les traits principaux de la légende de 
notre saint, telle que l'a admise le moine Yves, telle surtout 
que l'a illustrée l'enlumineur du manuscrit offert à Philippe le 
Long. 



Cet enlumineur, quel était-il? Nous aurions un véritable 
intérêt à le connaître, car son œuvre est peut-être la plus 
remarquable qui ait été exécutée à Paris au commencement du 
XIV e siècle. Malheureusement tout ce qu'on pourrait dire sur la 
personnalité de cet artiste excellent ne serait qu'hypothèse. Il ne 
nous a laissé nul moyen de dévoiler son anonymat. D'ailleurs, 
bien qu'on puisse constater dans toutes les peintures du recueil 
une grande homogénéité, il n'est guère probable qu'elles 
soient l'œuvre d'un seul enlumineur. Les manuscrits illustrés 
par une même main sont sans doute très rares, et nous avons 



ffl 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



vraisemblablement affaire ici à plusieurs miniaturistes inconnus. 

Si nous ignorons les noms de ces enlumineurs, nous pouvons 
du moins essayer de nous représenter le milieu artistique dans 
lequel ils ont vécu. On doit se demander, avant tout, si c'est là 
un travail exécuté par des clercs ou par des artistes laïques. 
Étant donné le sujet de bon nombre de peintures qui mettent en 
scène des hommes du peuple avec beaucoup de vérité et souvent 
avec humour, on aurait quelque peine à imaginer que de graves 
religieux aient porté une attention soutenue sur des gens de si 
modeste condition. Il paraît, au contraire, très vraisemblable que 
pour avoir pris ainsi sur le vif les travailleurs de la cité nos 
miniaturistes habitaient au milieu d'eux, partageaient leurs occu- 
pations et vivaient de leur vie. 

Nous ne sommes plus, du reste, au temps où Ton regardait 
tous nos anciens manuscrits enluminés comme des œuvres sor- 
ties des monastères. C'était là une idée qui s'adaptait assez 
bien à la conception romantique du moyen âge ; mais la théorie 
ne peut plus raisonnablement être soutenue aujourd'hui. A 
l'époque où furent peintes nos miniatures il y avait déjà 
longtemps que l'art s'était en partie laïcisé. Cest à Paris vrai- 
semblablement que s'étaient formés les premiers ateliers d'enlu- 
mineurs laïques. C'est bien à Paris, en tout cas, qu'eut lieu, 
au xm e et au xiv* siècle, la plus merveilleuse floraison d'images 
chatoyantes sur les pages des missels et des psautiers, des chro- 
niques et des romans de chevalerie. En aucune autre ville, à 
ce moment, la production artistique ne fut aussi brillante et 
aussi intense. Pour le prouver on a cité souvent, trop souvent 
peut-être, un vers célèbre de Dante, où il est dit : 



« Cet art qu'on nomme à Paris enluminer ». De ce que Dante 
emploie une expression parisienne pour désigner l'art des illus- 
trateurs de livres, on a conclu sans doute un peu vite que c'est à 



queU'arte 

Ch'alluminare è chiamata in Parisi. 




LÉGENDE DE SAINT DENIS 



Paris que se trouvaient les meilleurs enlumineurs. L'interpréta- 
tion est, semble-t-il, hasardée. Dante, on le sait, a vécu à Paris ; 
il y habita le quartier de l'Université. Son domicile, si Ton en 
en croit la tradition, n'était pas éloigné de cette rue Boutebrie, 
où les enlumineurs avaient alors leur quartier général. Il a pu 
voir ceux-ci à l'œuvre ; il a certainement feuilleté des livres qu'ils 
avaient illustrés. Il a entendu vanter leurs travaux; il a jugé leur 
talent par ses propres yeux. Se trouvant amené plus tard à parler 
des peintures des manuscrits, le nom sous lequel on les dési- 
gnait à Paris a pu lui revenir tout naturellement en mémoire ; 
mais il ne cite point les enlumineurs parisiens comme les pre- 
miers en leur art. Si nous n'avions pour prouver leur supériorité 
que le texte de l'auteur de la Divine Comédie, le doute serait en 
vérité très légitime. Fort heureusement nous avons de meilleures 
preuves et de meilleurs documents : ce sont les œuvres mêmes 
de nos illustrateurs de manuscrits, et à l'aide de ces œuvres nous 
pouvons, en effet, constater que nulle part à cette époque l'art 
de la miniature ne fut plus florissant et plus parfait. 

Dès le xin e siècle, il semble y avoir eu à Paris certains groupe- 
ments de miniaturistes qui furent comme des embryons d'ateliers. 
Le rôle de la taille de Paris pour Tannée 1292 est à ce sujet un 
document précieux, qui peut nous donner une idée de ce 
qu'était, au début du règne de Philippe le Bel, la corporation 
des enlumineurs parisiens. Dix-sept seulement figurent au rôle 
de la taille. Ce sont : Raoul; Thomas; Jehan TEnglois; Gré- 
goire; Courrat ; Bernar ; Baudouin ; Nicolas, sa mère et Guiot leur 
valet ; Guiot ; Honoré, Richard de Verdun son gendre et Thomas- 
sin son valet; sire Jehan; sire Heude; et enfin Climent. Ces 
illustrateurs de livres, dont la plupart nous sont entièrement 
inconnus, étaient disséminés sur divers points de la ville. Il y 
en avait à la Croix-Neuve, près de Saint-Eustache, à la Foulerie, 
aujourd'hui rue de l'Hôtel-de- Ville, dans la rue aux Porées, 
c'est-à-dire dans notre rue Toullier actuelle, au Clos-Bruneau, 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 25 

dans la rue Saint-Victor ; mais la plupart étaient établis dans la 
rue Érembourode-Brie. Sur dix-sept miniaturistes portés au 
rôle de la taille de 1292, on en trouve douze installés dans cette 
rue Érembourc-de-Brie, nous disons maintenant rue Boutebrie, 
tout près de l'église Saint-Séverin. 

Il est aisé de deviner les raisons qui pouvaient guider ces 
modestes artistes dans le choix de la rue ou tout au moins 
du quartier. Bien qu'ils ne fussent pas encore, semble-t-il, ratta- 
chés directement à l'Université, comme ils devaient l'être au 
siècle suivant le voisinage des maîtres et des étudiants offrait 
pour leur industrie des avantages qu'il n'est pas besoin d'expli- 
quer longuement. Il leur était, en outre, à peu près indispen- 
sable de se trouver à proximité de leurs collaborateurs natu- 
rels les libraires et les copistes. Or, ces copistes et ces libraires 
étaient, pour la plupart, groupés dans la rue aux Écrivains, 
aujourd'hui rue de la Parcheminerie, qui, au xm e siècle, comme 
à présent, débouchait à angle droit sur la rue Boutebrie. 

Dans cette rue Boutebrie vivaient, en 1292, déux enlumineurs, 
Nicolas et Honoré, qui paraissent avoir été des chefs d'atelier. Le 
premier, comme on vient de le voir, avait pour collaborateurs sa 
mère et un valet nommé Guiot. Le second, Honoré, et c'est cet 
Honoré qui de tous les enlumineurs parisiens paye la taille la 
plus élevée, Honoré a sous ses ordres son gendre Richard de Ver- 
dun et Thomassin son valet. 

1. Par lettres du 5 novembre 1368, Ourles V, à la requête de l'Université de Paris, 
accordait l'exemption du guet aux libraires, écrivains, enlumineurs, relieurs et parchemi- 
niers, serviteurs de ladite Université. Ces lettres comprennent les noms de quatorze 
libraires, onze écrivains, quinze enlumineurs, six relieurs et dix-huit parcheminiers. 
Voici les noms des quinze enlumineurs : Jean Le Noir, Pierre de Blois, Phelibert Langele, 
Pierre Le Normant, Jacques Le Riche, Jean de Sez, Jean Darcy, Perrin Remy, Joachim 
Troislivres, Guillaume Le Lorrain, Jean Passemer, Robert Lescuyer, Robin Quarré, Jean 
Grenet et Perrin Darraines. — Cf. Du Boulay, Privilèges de VUniversiU de Paris (Paris, 
1674), p. 82; —Secousse, Ordonnances des rois de France, t. V (1736), p. 686-687; — 
H. Dertiîfle et Ém. Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis 9 1. III (1894), p. 178- 
179; — P. Delalain, Étude sur le libraire parisien du XIII* au XV* siècle (1891), p. 43-48. 

Légende de saint Denis. 4 



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26 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



Honoré est un nom qu'il faut retenir : car c'est celui d'un 
homme qui a vraisemblablement joué un rôle assez important 
dans le développement de l'art de l'enluminure. En 1288, il ven- 
dait un Décret de Gratuit, qui est conservé aujourd'hui à la biblio- 
thèque de Tours \ Il est qualifié dans ce volume « Honoratus 
illuminator » 2 . Huit ans plus tard, le compte du trésor du 
Louvre du terme de la Toussaint 1296 nous offre cette men- 
tion 3 : 

« . .... et pro uno breviario facto pro rege 107 l. 10 s. 



a Honoratus illuminator, pro libris régis illuminatis 20 /. » 

Nous voyons donc, en 1296, Philippe le Bel payer une cer- 
taine somme pour l'exécution d'un bréviaire et dans le même 
compte, à quelques lignes d'intervalle, Honoré recevoir 20 livres 
pour enluminer des « livres du roi ». M. Delisle n'a pas manqué 
de rapprocher ces deux textes : « Ne peut-on pas se demander, 
écrit-il, si nous n'avons pas là le bréviaire pour la façon duquel 
Philippe le Bel paya 107 livres 10 sous en 1296, et si les 
peintures n'en sont pas dues à cet Honoré qui travaillait alors 
à l'enluminure des livres du roi ? 4 » Ce bréviaire de Philippe 
le Bel peut vraisemblablement être identifié avec un très 
intéressant manuscrit de la Bibliothèque nationale $ , dont j'ai 
donné ailleurs 6 une reproduction de la miniature la plus carac- 
téristique. 

Honoré fut donc vers la fin du xni c siècle l'un des enlu- 

1. No 558. 

2. « Anno Domini M© CO LXXX octavo, erai presens Decretum ab Honorato illurai- 
natore, morante Parîsius in vico Herenenboc de Bria, precio quadraginta librarum pari- 
siensium ». Catalogue général des bibliothèques publiques de France (Tours, par M. Collon), 
t. XXXVII (1900), p. 450. 

3. Publié par Julien Havet dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLV (1884), 
p. 252 et 253. 

4. Léopold Delisle, Notice de àou\e livres royaux (1902), p. 62. 

5. Ms. lat. 1023. 

6. Cf. Henry Martin, Les Miniaturistes français (1906), p. 58, fig. 8. 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



mineurs du roi. Cest lui qui, en 1292, paye la taille la plus 
élevée; il s'est adjoint deux collaborateurs, son gendre Richard 
de Verdun et Thomassin son valet. Ne sommes-nous pas en droit 
de penser que cet Honoré fut de son temps l'un des illustrateurs 
de livres les plus recherchés ? Je ne saurais dire à quelle date il 
mourut; mais j'ai acquis la certitude que l'atelier d'Honoré ne 
disparut point avec lui. Bien qu'il eût changé de maître, cet ate- 
lier était encore florissant en 13 18. Cest ce qui ressort d'un texte 
publié par M. A. Vidier texte qui nous permet d'affirmer que 
Richard de Verdun avait, sous Philippe le Long, succédé à son 
beau-père Honoré et pris la direction de la maison d'enluminure. 
On lit» en effet, dans le compte de Guy de Laon, trésorier de la 
Sainte-Chapelle de Paris, année 13 18 : 

« Item, Nicolao, Ugatori lïbrorum, pro tribus magnis antiphonariis 
novis ligandis et pro aliis lïbris religatidis per annum.. . . VIII L X s. 

« Item, Ricbardo de Verduno et Jobanni de La Mare, socio suo, pro 
dictis antiphonariis illuminandis de grossis et minutis. XI L XIII s. » 

On remarquera que Richard de Verdun, qui en 1292 était l'as- 
socié de son beau-père, a dû lui-même prendre un collaborateur 
et que la raison sociale de la maison, comme nous dirions 
aujourd'hui, est devenue : Richard de Verdun et Jean de La 
Mare. N'est-ce pas que l'atelier est toujours achalandé? En 1296, 
Honoré enluminait des livres pour le roi : en 13 18, Richard de 
Verdun et son associé en décorent pour la Sainte-Chapelle. 

Il serait sans doute téméraire de faire un rapprochement trop 
étroit entre les enlumineurs qui, en 1318, travaillaient pour la 
Sainte-Chapelle et ceux qui, vers 13 17, illustraient pour le compte 
de l'abbaye de Saint-Denis un somptueux ouvrage que l'abbé 
Gilles de Pontoise se proposait de présenter au roi. Mais, si l'on 
admet que les miniatures dont il s'agit ont été faites, comme je 

1. Notes et documents sur le personnel, les biens et T administration de la Sainte-Chapelle 
du XIII* au XV* siècle, par A. Vidier (Mémoires de la Société de Vhistoire de Paris et de 
rile-de-France, t. XXVIII (1901), p. 339). 




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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



le crois, par des artistes laïques et par des artistes parisiens, il 
faut bien songer aux enlumineurs que nous voyons à cette 
époque en possession de la faveur du roi ou des établissements 
religieux importants. Sous le règne des fils de Philippe le Bel, 
on peut citer quelques noms de miniaturistes qui se recom- 
mandent par la qualité de ceux qui les emploient. 

Ce sont d'abord les successeurs d'Honoré, c'est-à-dire Richard 
de Verdun et Jean de La Mare dont il vient d'être parlé. 

C'est ensuite un enlumineur nommé Maciot, dont le talent 
paraît avoir été fort goûté des princes français dans le premier 
quart du xiv c siècle. Le 7 octobre 1302, Maciot l'enlumineur et 
sa femme Marote de Compiègne recevaient d'Othon IV, comte 
palatin de Bourgogne, et de Mahaut d'Artois la maison qu'ils 
habitaient à Paris pour en jouir leur vie durant \ Quelques 
années plus tard, en 13 13, nous trouvons notre « Maciot l'enlu- 
mineur » en possession de la faveur du roi de France ; il fait à 
cette époque partie de l'hôtel de Philippe le Bel 2 . Son domicile 
à Paris est alors rue Simon-le-Franc, au coin de la rue Beau- 
bourg 3 . La mort de Philippe le Bel ne semble pas avoir éloigné 
de lui la protection royale. Il n'a sans doute point cessé de 
figurer parmi les gens de l'hôtel; et sous Philippe le Long, 
en 13 19, Maciot est toujours le seul miniaturiste mentionné sur 
les états de la maison du roi 4 . Un artiste ainsi protégé devait, 
à n'en pas douter, occuper un rang enviable parmi ses confrères. 
De ce que Maciot figure au milieu des « valeti » de Philippe le 
Bel et qu'il est le seul miniaturiste faisant partie de l'hôtel en 

1. Cf. Mahaut, comtesse d'Artois et de Bourgogne, par J.-M. Richard (188*7), P ; 99 €t 
164-165. 

2. Cf. Liste des artistes mentionnés dans les états de la maison du roi et des maisons des princes, 
du XIII e siècle à Van ijoo, par B. Prost, dans Archives historiques, artistiques et littéraires, 
1. 1» (1889-1890), p. 426. 

3. Cf. Litre de la taille de Paris en 1313, publié par Buchon (1827), p. 88. 

4. Cf. Liste des artistes mentionnés dans les états de la maison du roi et des maisons dis princes, 
du XIII e siècle à Van i$oo, par B. Prost, dans Archives historiques, artistiques et littéraires, 
1. 1» (1889-1890), p. 426. 




LÉGENDE DE SAINT DENIS 



29 



13 13 et 13 19, on serait bien tenté de conclure qu'il fut, en 
quelque sorte, un enlumineur officiel. Plus tard, en 1327, nous 
voyons encore un miniaturiste dont le nom se rapproche de celui 
de Maciot (il se nommait Jaquet Maci) travailler à l'illustration 
d'un livre en collaboration avec Jean Pucelle; mais, à vrai dire, je 
ne pense pas qu'on puisse identifier notre Maciot de Mahaut 
d'Artois, de Philippe le Bel, de Philippe le Long, avec le Maci 
(Jaquet) de 1327. Le nom de Maci était alors très répandu à Paris. 

Dans cette première moitié du xiv e siècle lun des rares enlu- 
mineurs dont on possède des œuvres certaines est Jean Pucelle, 
qui nous est Connu aujourd'hui grâce aux savantes recherches de 
M. Léopold Delisle. Jean Pucelle devait jouir à Paris d'une 
véritable renommée. C'est à lui que s'adressent les confrères 
de Saint-Jacques-aux-Pèlerins pour pourtraire, ou dessiner, le 
grand scel de leur confrérie \ Quelques années plus tard* 
avec ses associés Anciau de Cens, Jaquet Maci et J. Chevrier, 
il enluminera, d'abord la Bible de Robert de Billyng ou de 
i)2j 1 1 , puis cet admirable Bréviaire de Belleville \ dont l'in- 
fluence devait être si grande sur les enlumineurs qui, pendant 
près d'un siècle, allaient suivre docilement le sillon tracé par Jean 
Pucelle. Enfin, lorsque Charles IV le Bel, en 1325, épousa en troi- 
sièmes noces Jeanne d'Évreux, il commanda un petit volume, 
« un bien petit livret d'oroisons », disent les inventaires. Or, à 
qui s'adresse-t-il pour faire enluminer ce livre qu'il destine à la 

1. Cf. Henri Bordier, dans Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de VlU-de- 
France, t. II (1876), p. 345; — Marcel Poète, Us Primitifs parisiens (1904), p. 29; — 
Henry Martin, Les Miniaturistes français (1906), p. 66-67. 

2. Bibl. nat., ms. lat. 1193$. — A la fin du volume, on lit : « Jehan Pucelle, Anciau 
de Cens, Jaquet Maci, il nom enluminé ce livre ci. Ceste lingne de vermeillon que vous 
veés fu escrite en Tan de grâce M. CCC. et XXVII, en un jueudi darrenier jour d'avril, 
veille de mai, V«> die» » Cf. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, I, 13 ; — Galette des 
Beaux-Arts, 2* période, t. XXIX (1884), p. 285 ; — Notice de dou^e livres royaux (1902), 
p. 74. 

3. Bibl. nat., mss. lat. 10483 et 10484. — Cf. L. Delisle, Galette des Beaux-Arts, 
2« période, t. XXIX (1884), p. 284 ; — Notice de dou^e livres royaux (1902), p. 75. 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



nouvelle reine sa femme? A Jean Pucelle, comme au plus habile 
miniaturiste de Paris \ 

Richard de Verdun, Maciot, Jean Pucelle. Voici donc les trois 
noms qui dans ce premier quart du XIV e siècle semblent avoir été 
ceux des enlumineurs parisiens les plus renommés. Est-ce parmi 
eux que se trouvait l'illustrateur de notre Légende de saint Denis} 
Cela peut paraître assez vraisemblable ; mais rien n'autorise autre 
chose qu'une simple hypothèse. Ce qu'il est permis de dire, 
c'est que si le miniaturiste de la Légende de saint Denis n'est pas 
l'un des trois qui viennent d'être cités, il fut certainement de la 
même école, il a travaillé dans le même milieu et il a été pour 
eux sans doute un concurrent. 

En parlant de 1' « enlumineur de la Légende de saint Denis », 
il va sans dire que j'entends le directeur de l'illustration, car un 
livre comme celui-ci a dû occuper pendant de longs mois plu- 
sieurs artistes. Qjiel qu'ait été ce chef d'atelier, ce directeur de 
l'illustration, Richard de Verdun, Maciot, Jean Pucelle ou tout 
autre, il était parisien. Il a vécu de la vie commune du peuple 
de Paris. Il connaît trop bien tous les corps de métier de la ville 
pour ne les avoir pas fréquentés intimement. 

Lorsqu'on étudie avec soin les miniatures de nos peintres de 
manuscrits, il est des détails qui ne trompent guère. Certes, la fan- 
taisie de ces ingénieux artistes se donne souvent libre carrière ; 
mais, avec un peu d'attention, il n'est pas impossible de faire le 
départ de ce qui est sorti de leur imagination et de ce qu'ils ont 
réellement observé et copié avec fidélité. Un livre d'Heures qui 
dans son calendrier nous montre, aux mois de janvier ou de février, 
hommes, femmes et enfants évoluant sur la glace, les pieds 
chaussés de longs patins flamands, ne saurait passer pour l'œuvre 
d'un miniaturiste de l'Ile-de-France. Si nous constatons que les 
maisons sont pourvues de ces pignons à gradins ou à redans si 

i. Cf. Henry Martin, Les Miniaturistes français (1906), p. 70-72. 



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f 

! 



LÉGENDE DE SAINT DENIS J_I 

communs dans les miniatures vers la fin du xiv c siècle et au 
commencement du xv c , nous croirons avec assurance que l'auteur 
était originaire soit de la Flandre, soit de l'Allemagne, peut-être 
de l'Amiénois ou de la région de Laon. Dans le très beau 
psautier conservé au British Muséum sous la cote : Addit. 24686, 
psautier qui fut peint en 1284, qu'on examine le fol. 11, où 
débute le psaume Beatus vir. L'encadrement en est très orné, et 
beaucoup d'oiseaux y sont représentés. Au bas de la page se 
voit un merveilleux goéland, d'une intensité de vie et d'un 
réalisme vraiment extraordinaires. Un peintre parisien eût mis 
là un chardonneret, une pie, un hibou, un coq, un faisan, un 
paon. L'enlumineur capable de dessiner un tel goéland, pouvons- 
nous conclure, vivait au bord de la mer. 

Pour faire du peuple de Paris des croquis si pittoresques et 
si précis, l'illustrateur de la Légende de saint Denis était lui-même 
sans aucun doute un artiste parisien. 



IV 

Les peintures qui décorent notre manuscrit sont toutes 
consacrées à reproduire des épisodes de la vie et du martyre du 
premier évêque de Paris; mais au bas de trente d'entre elles 
le miniaturiste a eu l'heureuse inspiration de placer des scènes 
populaires qui se déroulent à Paris, soit sur le fleuve, soit sur 
les ponts devant les portes de la ville. 

Le tableau le plus remarquable est celui qui nous donne une 
représentation du grand pont de Paris, situé, comme on sait, un 
peu plus haut que l'endroit où est aujourd'hui le Pont au 
Change. Sous les trois arches qui nous sont montrées, tournent 
les roues des moulins sur bateaux auxquels des meuniers apportent, 
à l'aide de barques, les sacs de blé à moudre (pl. lXiv). 



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32 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



C'est, d'ailleurs, dans le voisinage de la Seine, sur les 
ponts, que se manifeste plus particulièrement la vie de la cité. 
Voici un paveur et son conducteur (pl. xxxi), un homme 
poussant sa brouette (pl. xxxvi), un ânier qui conduit son âne 
avec la barbarie ordinaire en le piquant d'un bâton armé d'une 
pointe (pl. xxxv), des muletiers guidant leurs mules chargées 
de bâts (pl. lui). Ici, l'on voit passer une charrette de gerbes 
(pl. xlix). Ailleurs, rentrent dans la ville un bouvier et ses 
bœufs (pl. lvii), un porcher, un berger chassant devant lui 
ses moutons (pl. lv). Puis, voici encore des jongleurs, mon- 
treurs d'ours (pl. lxii) ou de singe (pl. h), des mendiants de 
diverses catégories : l'un, portant son enfant sur son dos, reçoit 
l'aumône d'un marchand assis dans sa boutique (pl. xxxvi); 
l'autre, un aveugle, est conduit par son chien qui tient la sébile aux 
dents (pl. xlv). D'autres sont estropiés affreusement (pl. xlvii); 
d'autres enfin marchent à l'aide de béquilles ou plus exactement 
de potences (pl. li). Les portefaix apparaissent fréquemment dans 
ces petits tableaux parisiens (pl. xxxn, xlix, lix, etc.). 

Parmi les passants de la rue, notons encore : un fauconnier à 
cheval (pl. xxxn), un crocheteur (pl. xxxvn), un pèlerin 
(pl. xlvi), un porteur d'eau (pl. xlviii), un ménétrier jouant de 
l'orgue de main (pl. l), un valet de chiens (pl. li), un crieur de 
vin (pl. lx), un marchand à la saison (pl. lx), un fripier ambu- 
lant (pl. lxi), un chiffonnier (pl. lxiii), un garçon talemelier 
(pl. lxii), des marchands d'oubliés (pl. lxv). 

Ici, deux cavaliers rentrent dans la ville (pl. n). Plus loin, un 
jeune seigneur et une dame chevauchent sur le pont (pl. xxxvii). 
Ailleurs, ce sont des traîneaux, haquets ou voitures pour le 
transport du vin en fût qui circulent en hâte (pl. xlvi, xlviii, 
lvi), ou encore un banneau chargé de pierres (pl. xlvii). Un 
haquet a été laissé sur la rue : des enfants en quête de distrac- 
tions s'en sont emparés et se livrent au jeu de la bascule (pl. liv). 

Mais voici que s'avance majestueusement un char de prome- 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



nade. Cest l'ancêtre du carrosse, ou mieux de l'omnibus. Le 
véhicule est couvert et clos de tous côtés; il est monté sur quatre 
roues et attelé de deux chevaux en flèche, avec un postillon sur 
le limonier. En cette vaste machine, trop grande pour circuler à 
Taise parmi les rues étroites et tortueuses du Paris du XIV e siècle, 
les voyageurs, au nombre de cinq, sont assis dans le sens de la 
longueur sur un seul rang (pl. xlii). 

Du haut des échauguettes qui couronnent la porte de Paris, 
les gens du guet à leur poste surveillent les entrées (pl. xxxi) ; 
mais ils ne peuvent avoir l'œil partout. Aussi deux truands 
déguenillés profitent-ils de la tranquillité que leur laisse la police 
pour vider seul à seul leur querelle et se livrer à un éner- 
gique pugilat (pl. lvi). 

Si nous passons en revue les Parisiens qui exercent des pro- 
fessions plus honorables ou plus assises, nous remarquerons 
beaucoup de commerçants dans leurs boutiques, surtout des chan- 
geurs et des orfèvres; mais nous verrons aussi un marchand 
d'armes et d'escarcelles (pl. xxxn), des épiciers ou apothicaires 
travaillant à piler dans un mortier certaines denrées (pl. xliv 
et lix). Ici, nous surprendrons un barbier dans l'exercice de son art 
(pl. lxv). Là, plus heureux que ses confrères d'aujourd'hui 
qui ne peuvent vendre publiquement que des oiseaux exotiques, 
un oiselier offre à son client un chardonneret 1 prisonnier dans 
sa cage (pl. xliv). 

Beaucoup de femmes figurent aussi dans ces scènes vivantes 
de la rue. Voici une laitière installée à l'entrée de la porte 
(pl. xliv). Plusieurs bourgeoises sont occupées à filer leur que- 
nouille (pl. xxxvn et lviii), tandis qu'une autre travaille au 
dévidoir (pl. lui). Nous voyons ailleurs une ménagère recevant 
la farine que lui apporte dans un sac un garçon meunier (pl. lvii). 

i . Le chardonneret a été l'oiseau de cage favori des Parisiens pendant tout le moyen 
âge : c'est aussi celui que les enlumineurs ont le plus souvent représenté, soit dans les 
miniatures, soh dans les bordures et les encadrements. 

LteENDB DE SAINT DENIS. $ 




34 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



Les médecins ne sont pas non plus oubliés par nos miniatu- 
ristes. Un malade vient de demander à l'un d'eux une Consul- 
tation. Suivant la formule traditionnelle des peintres du moyen 
âge pour figurer le médecin, l'homme de l'art élève et mire l'uri- 
nal ; mais, comme la satire ne perd jamais ses droits, il n'a pas 
encore rabaissé la main droite dans ce geste familier que déjà il 
a tendu la gauche pour recevoir son salaire. Le malade docile- 
ment y dépose une pièce de monnaie (pl. xui). 

Sur le fleuve même, la vie ne paraît guère moins active. On y 
peut observer certains types qui sont demeurés bien parisiens 
jusqu'à nos jours, comme les pêcheurs à la ligne, par exemple. 
Les pêcheurs à la ligne abondent dans nos miniatures (pl. xxxvn, 
xlviii, lvi, lxiii); ils ne prennent, d'ailleurs, guère plus de 
poissons que leurs confrères modernes, et c'est une chose remar- 
quable que cette persistance à travers les siècles de la profes- 
sion si désintéressée du pêcheur à la ligne parisien, toujours 
aussi malchanceux et toujours aussi enthousiaste de son art 
Pourtant, la rivière de Seine devait être alors extrêmement 
poissonneuse, si l'on s'en rapporte aux témoignages nombreux 
qui nous sont restés, si l'on s'en rapporte même aux dessins de 
nos enlumineurs qui nous montrent des pêcheurs au filet faisant 
une riche capture (pl. xxxi). 

Les documents qui ont trait à la batellerie de la Seine sont 
aussi fort intéressants. Outre quelques barques montées dont 
il serait assez difficile d'indiquer très exactement l'usage (pl. n, 
xxxv), on y voit beaucoup de bateaux servant au transport du vin 
(pl. xxxvi, un, Lvm, ux, lxv); l'une de ces embarcations est 
conduite par un remorqueur, comme nous dirions aujourd'hui : 
c'était, à l'époque où fut fait notre dessin, la barque de 1' t ava- 
leur de nefs » (pl. ux). Les miniaturistes nous font encore assis- 
ter à une déclaration et à un essai de vin au port de Paris 
(pl. xlii). 

On n'ignore pas que de tout temps, et même jusqu'à notre 




LÉGENDE DE SAINT DENIS 



époque, l'approvisionnement de Paris en denrées et en toutes 
sortes d'objets de consommation s'est fait principalement par eau. 
Les illustrateurs de notre manuscrit ne manqueront donc pas de 
nous montrer des bateaux chargés de citrouilles ou de melons 
(pl. xux et lv), des bateaux de charbon (pl. xlvi), des bateaux 
de bois qu'on décharge (pl. xlv), d'autres bateaux couverts de 
bâches qui étaient utilisés pour le transport du blé (pl. xliii). 
Voici les bateaux-viviers des poissonniers d'eau douce (pl. xnv) : 
la mode n'en est point tout à fait passée aujourd'hui, et, bien 
que rares, quelques poissonniers d'eau douce exercent encore 
leur industrie sur la Seine, au milieu même de Paris; mais 
peu de Parisiens ont remarqué cette vieille coutume. 

Certaines barques semblent être celles du passeur (pl. xlvii et 
lu), d'autres celles du garde de la rivière (pl. lxi). 

Il y a aussi plusieurs canots de plaisance, car c'est sur la 
Seine que nos ancêtres, lassés de leurs rues étroites, prenaient 
volontiers leurs ébats. Dans des barques attachées à un piquet au 
milieu du fleuve, il n'était pas rare qu'on s'installât pour faire 
la sieste (pl. l et lx). Ici, quelques hommes, montés sur une 
barque, tiennent élevé devant eux un long rouleau de par- 
chemin : ils chantent. Toute la minutie du peintre apparaît 
dans cette image. Vu à la loupe le parchemin du rouleau est 
bien réglé pour recevoir la musique : on en pourrait transcrire 
les notes; la bouche des chanteurs est largement ouverte 
(pl. xxxn). 

Dans un autre bateau qu'ils ont amarré au pont, quatre per- 
sonnages sont assis; sur une planche placée en travers, ils ont 
posé un hanap et ils semblent causer avec entrain (pl. lxii). 

Enfin, nos miniaturistes ne pouvaient omettre la natation, si 
chère de tout temps aux Parisiens. Cinq amateurs de bains froids 
ont pris un bateau : deux d'entre eux sont fort occupés à 
retirer leurs vêtements; un troisième du bout de la barque s'élance 
dans la rivière; les deux autres nagent déjà, tandis que des poissons 



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36 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



en grand nombre et presque aussi gros que les baigneurs se 
promènent à leurs côtés et semblent partager leurs jeux (pl. li). 
Partout, du reste, où ils ont figuré la Seine, les miniaturistes 
semblent s'être quelque peu laissés entraîner par leur imagina- 
tion, car ils ont peuplé les eaux du fleuve de véritables bataillons 
de gardons et de chevennes évoluant en rangs si pressés que la 
navigation eût pu en être gênée. Mais cela n'enlève rien au 
mérite de ces tableaux si vivants, si pittoresques et qui nous 
montrent mieux qu'aucun autre document quel était l'aspect 
des rues de notre ville il y a quelque six cents ans. 

L'intérêt que présente cette suite de croquis parisiens n'avait 
point échappé à l'un de nos plus sûrs érudits et archéologues du 
dernier siècle. Dans le Magasin pittoresque de 1846, Jules Qjuicherat 
leur a consacré un assez long article 1 , que l'on pourra consulter 
avec fruit. M. Léopold Delisle, dans son étude citée plus haut 
sur le Recueil du moine Yves, n'a pas manqué non plus d'atti- 
rer l'attention sur ces petits tableaux accessoires des grandes 
peintures et de montrer les renseignements qu'on en peut tirer 
pour l'histoire archéologique et anecdotique de la ville de Paris. 



Ce qui double l'intérêt de nos miniatures, c'est qu'on peut, 
comme on l'a vu, leur assigner une date certaine, puisque le 
manuscrit qui les contient, M. Delisle Ta démontré, a été présenté 
au roi en 13 17. Certes, la date indiquée par M. Delisle ne me 
paraît pas discutable, et j'admets aussi sans hésitation que c'est 
bien là le volume qui fut offert à Philippe le Long par l'abbé de 
Saint-Denis ; mais, ce point acquis, il pouvait être intéressant d'en 
comparer les miniatures à d'autres œuvres de même époque. 

1. Pages 217-222. 



v 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 37 

J'avais cru d'abord pouvoir trouver certains éléments de com- 
paraison en examinant un somptueux manuscrit contemporain 
du nôtre et dont les pages sont ornées de cent soixante-seize 
belles peintures : je veux parler de la Bible de Jean de Papeleu \ 
qui fut achevée précisément dans le cours de cette année 13 17, 
en plein centre de la production du livre à Paris, rue des 
Écrivains, aujourd'hui rue de la Parcheminerie, comme en 
témoigne une note inscrite à la fin du volume a . Mais rien ne 
permet d'attribuer les miniatures de ces deux manuscrits au 
même pinceau. Le dessin et le coloris présentent en effet de 
très notables différences. On peut, toutefois, relever certains 
détails qui indiquent des tendances communes et le même 
milieu artistique. Dans le manuscrit offert à Philippe le Long, 
le personnage qu'on voit le plus fréquemment représenté, 
exception faite pour l'apôtre de Paris, est le « prévôt » romain 
Sisinnius envoyé par l'empereur Domitien pour étouffer le chris- 
tianisme naissant dans les Gaules. Partout où il est figuré, Sisin- 
nius se montre vêtu d'une sorte de justaucorps à manches demi- 
longues, recouvert de lamelles de métal en forme de tuiles 
plates imbriquées. Cette même disposition, nous la retrouvons 
dans l'armure d'un farouche Goliath peint au fol. 135 v° de la 
Bible de Jean de Papeleu. Sisinnius a sur les épaules des ailettes 
et aux genoux des genouillères formées de disques de métal. 
Des genouillères et des ailettes assez semblables se voient aux 
genoux et aux épaules du Goliath. Les jambes de Sisinnius sont 
armées de grèves de plates : celles du Goliath le sont également. 
Chez Goliath, ainsi que chez Sisinnius, les grèves n'abritent 
point le cou-de-pied. D'autre part, il ne semble pas que les 
armures de tuiles de métal imbriquées aient été, au commence- 
ment du XIV e siècle, d'un usage fréquent : la mode en était 

1. Bibl. de l'Arsenal, ms. n° 5059. 

2. « Anno Domini millesimo trecentesimo septimo decimo hoc opus transcriptum est 
a Johanne de Papeleu, clerico, Parisius commoranti in vico Scriptorum, quem velit ser- 
vare Deus, qui est retributor omnium bonorum in secula seculorum. Amen. » 



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38 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



passée, et les chevaliers se servaient alors presque exclusive- 
ment de l'armure de mailles. Les peintres de Sisinnius et du 
Goliath, ayant à représenter des personnages très anciens, ont 
donc fait ici de l'archaïsme et adopté une façon à peu près iden- 
tique de figurer des hommes de guerre qu'ils entrevoyaient con- 
fusément perdus dans les brouillards de la légende. 

Les soldats compagnons de Sisinnius, qui nous sont montrés 
dans la Légende de saint Denis, n'ont rien de romain ; ils portent 
le haubert de mailles, quelques-uns avec cotte par dessus. Leur 
tête est coiffée du heaume rond, avec ou sans nasal, posé sur le 
camail. Parmi ces heaumes, il en est, comme ceux de la pl. xxxix, 
qui sont pourvus du viaire articulé. Des genouillères et des 
grèves de plates, qui ne couvrent point le cou-de-pied, se Soient 
sur les genoux et les jambes des soldats. Plusieurs sont armés 
de boucliers dont les dimensions sont loin d'être partout les 
mêmes. 

Je n'ai point à insister sur le costume des quelques femmes 
qui paraissent dans nos miniatures : c'est celui qu'on observe 
dans la plupart des manuscrits parisiens du commencement du 
XIV e siècle. Quant aux coiffures, elles rappellent sans doute celles 
des personnages féminins du Bréviaire de Belleville; mais cette 
ressemblance dans certaines parties du costume des femmes est- 
elle suffisante pour nous autoriser à rattacher au même atelier, 
c'est-à-dire à l'atelier de Jean Pucelle, les peintures qui com- 
posent le présent recueil ? 

Il existe entre les illustrations de la Légende de saint Denis et 
celles du Bréviaire de Belleville des divergences très accentuées : 
les attitudes des personnages, la manière de draper les étoffes 
et d'en figurer les plis, le coloris, la méthode même du dessin 
éloignent assez ces deux œuvres pour qu'on ne songe point à 
leur assigner avec assurance un auteur commun. Du reste, ces 
deux séries de miniatures, qui sont, semble-t-il, les plus remar- 
quables du commencement du XIV e siècle, ne sauraient être con- 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



sidérées comme ayant été exécutées à la même époque. Il est 
peu probable que le Bréviaire de BellevMe ait reçu son illustra- 
tion avant 1330. Quant à la Légende de saint Denis, on a vu que 
le manuscrit en était certainement terminé en 13 17. Aussi l'orne- 
mentation de ce dernier livre présente-t-elle des caractères d'ar- 
chaïsme qui ne se retrouvent plus dans le Bréviaire de BellevMe. 

Mais nous avons une autre œuvre incontestée de Jean Pucelle, 
la Bible de Billyng ou de 1)27 l . Là, de très nombreux rappro- 
chements s'imposent. Si Ton compare entre eux la plupart des 
feuillets qui ont reçu une décoration, par exemple, le feuillet 5 
de la Bible de 1)27 et le feuillet 20 v° (pl. iv) du tome I er de 
la Légende de saint Denis, on ne pourra s'empêcher de constater 
une ressemblance presque absolue dans la conception générale, 
dans le dessin, dans les fonds. Les ornements des initiales et 
des bordures sont si parfaitement identiques dans les deux 
manuscrits qu'il me semble bien difficile de supposer que des 
miniaturistes opérant loin l'un de l'autre se soient si exactement 
rencontrés. Il paraîtra donc assez vraisemblable que certains illus- 
trateurs de la Légende de saint Denis ont pu travailler plus tard à 
la Bible de 1)27. Or, nous savons que les trois enlumineurs de 
ce dernier volume sont Jean Pucelle, Anciau de Cens et Jaquet 
Maci. Mais je n'insisterai pas davantage sur ces rapprochements 
et ces comparaisons de peur de glisser sur la pente si facile 
qui conduit aux hypothèses peu sûres. 

VI 

La crainte de donner à cette introduction un trop grand déve- 
loppement m'a empêché d'insister sur beaucoup de détails pitto- 
resques qui abondent dans les trente petits tableaux parisiens de 

1. Bibl. nat., ms. lat. 1193s* 



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40 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



nos miniatures ; mais je ne saurais trop engager ceux que ces ques- 
tions intéressent à examiner chaque scène avec soin. On y décou- 
vrira sans effort le souci de l'artiste pour la vérité, son horreur 
du convenu, son goût pour le réalisme, souligné quelquefois 
d'une intention malicieuse plutôt que méchante ; on y verra 
aussi combien peu ont changé depuis six cents ans les mœurs 
de la rue. 

Voici, à la pl. lxii, un ménage de montreurs d'ours. L'homme 
fait danser sa bête sur les pattes de devant, la tête en bas et 
l'arrière-train dressé. A droite cependant la femme commence à 
faire la quête, elle tend la main sollicitant une pièce de mon- 
naie du badaud le plus rapproché; celui-ci, d'un air dolent, 
s'exécute sans enthousiasme et fouille à regret dans son aumô- 
nière. Mais les assistants de gauche ont vu venir le moment où 
la même demande leur sera faite, et déjà celui qui est au 
premier rang s'est retourné prêt à se retirer. Les choses ne se 
passent guère autrement aujourd'hui dans la foule qui s'assemble 
autour des hercules ou des équilibristes de nos carrefours. Quand 
vient l'heure de faire appel à la générosité de l'assistance, un dis- 
cret mouvement de retraite se dessine aussitôt parmi les specta- 
teurs. Le geste n'est pas très chevaleresque sans doute, il n'est 
pas nouveau, et les miniaturistes de 13 17, observateurs attentifs, 
l'avaient déjà surpris chez leurs contemporains. 

On pourrait relever beaucoup d'autres détails du même genre 
qui contribuent à rendre vivantes et très modernes ces multiples 
scènes populaires de la rue parisienne; mais ne vaut-il pas 
mieux laisser à chacun le soin et le plaisir aussi de les découvrir? 
Ce qui sera fait avec facilité, surtout si l'on s'aide d'une loupe 
pour examiner ces tableaux pleins d'intérêt, malheureusement 
de dimensions un peu trop exiguës. 

Dans toute cette illustration, du reste, les artistes ont semé 
une foule de traits qui dénotent leur amour de l'exactitude. S'ils 
figurent une rivière, ils n'oublient point de la peupler de pois- 



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à 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 41 

sons variés, mais seulement de poissons d'eau douce. "Cependant, 
la planche xxvni nous montre Denis débarquant à Arles, qui, 
d'après le récit légendaire de la vie de notre saint, était alors 
une ville purement maritime. Qjue fera le miniaturiste pour 
établir une différence entre la Méditerranée et la Seine ? Tout à 
côté de la barque il placera une sole, qui ne saurait vivre en 
effet que dans l'eau salée de la mer. 

Je dois encore faire une remarque qui permettra de comprendre 
mieux, non pas la partie des miniatures qui traitent des sujets 
parisiens, mais les grandes peintures consacrées à la vie de saint 
Denis. Au moyen âge comme de nos jours, lorsqu'il y a sur une 
même page plusieurs tableaux, quatre par exemple, se faisant suite, 
l'artiste place d'ordinaire la première scène en haut à gauche, la 
deuxième en haut à droite, la troisième en bas à gauche et la 
quatrième en bas à droite. Dans notre manuscrit, c'est bien de 
cette façon que procèdent quelquefois les enlumineurs. Ainsi, sur 
la planche xxv, qui est formée de deux compartiments, on voit 
en haut Néron faisant crucifier saint Pierre et décapiter saint 
Paul, puis, en bas, d'après l'ordre habituel, la suite de la scène, 
c'est-à-dire la mort de Néron et l'entrée de son âme dans l'enfer. 
Toutefois, cet ordre, auquel nous sommes si bien accoutumés 
aujourd'hui et qui nous parait si logique, n'est adopté qu'excep- 
tionnellement par les illustrateurs de la Légende de saint Denis. Pour 
saisir leur pensée, il faut le plus souvent suivre les scènes à 
rebours, en commençant par le bas. Je prendrai comme exemple 
la planche lxxix. Cette miniature ne contient pas moins de six 
compartiments inégaux, mais nettement délimités par de frêles 
colonnettes : elle représente l'histoire de la résurrection de saint 
Antonin par son compagnon de voyage saint Saintin. Dans le 
premier compartiment, en bas à gauche, Saintin est averti mira- 
culeusement que saint Antonin vient de mourir. En suivant sur 
la droite, toujours en bas, nous voyons dans le deuxième com- 
partiment saint Saintin reprochant à l'hôte infidèle sa conduite 

Légende de saint Denis. 6 



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42 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



vis-à-vis du cadavre de saint Antonin. Le troisième comparti- 
ment, tout à fait à droite, en bas, nous montre Saintin, aidé de 
l'hôte, retirant saint Antonin de la fosse aux ordures. Après 
quoi, remontant en haut à gauche, nous trouvons le quatrième 
compartiment dans lequel Saintin débarrasse Antonin des 
immondices dont il fut souillé dans la fosse. Il le communie au 
cinquième compartiment. Puis, tout à fait à droite en haut, 
Saintin suivi d'Antonin ressuscité, nettoyé, conforté, reprend le 
chemin de Rome : c'est le sixième et dernier tableau. 

Pour les figures formées de plusieurs compartiments, il fau- 
dra donc généralement prendre d'abord les compartiments du 
bas, en suivant de gauche à droite, puis remonter à ceux du haut 
en commençant toujours par la gauche. Cet ordre, qui nous 
paraît illogique, est pourtant observé encore de nos jours en 
certaines occasions. Dans la plupart des bibliothèques, et non les 
moindres, les numéros des livres se suivent de gauche à droite 
sans doute, mais de bas en haut et non de haut en bas. C'est 
donc là simplement affaire d'habitude. Toutefois, cette manière 
de procéder pouvait offrir des inconvénients. Si l'enlumineur 
voulait exécuter ses petits tableaux suivant l'ordre normal, il 
risquait fort de gâter son œuvre, à moins d'attendre que les 
premières peintures fussent sèches avant d'exécuter celles du 
haut. Mais ce sont là des questions de métier qui n'offrent plus 
aujourd'hui un grand intérêt. 

Quelle qu'ait été la méthode employée par nos miniaturistes, 
l'œuvre qu'ils nous ont laissée est excellente. La technique en 
est fort curieuse. On ne manquera pas de remarquer d'abord 
l'encadrement gothique de chaque peinture. Cet encadrement 
varie si peu de l'une à l'autre qu'on est en droit de se demander 
s'il n'a pas été fait à l'aide d'un patron unique, ou plutôt de trois 
ou quatre patrons, car il y a plusieurs modèles présentant de 
légères différences. Les motifs d'architecture, les ponts, les 
portes, d'autres ornements encore paraissent avoir été exécutés 




LÉGENDE DE SAINT DENIS 



suivant un procédé analogue. Les principaux personnages, 
Sisinnius, saint Denis, saint Rustique, saint Éleuthère, sont, en 
général, si ressemblants dans les diverses miniatures où ils sont 
représentés, qu'on en arrive à songer à quelque moyen méca- 
nique de reproduction. 

Les fonds, toujours de couleurs, offrent des dessins de la 
plus grande variété. La façon de figurer les villes est fort simple, 
et nos artistes ne se sont point encore dégagés de la tradition 
conventionnelle du siècle précédent. Les arbres, notamment 
aux pl. xli, lxvi et suivantes, sont bien archaïques, mais il y a 
néanmoins une tendance au réalisme qui constitue déjà un 
léger progrès. 

On ne trouvera peut-être pas dans ce recueil des renseigne- 
ments archéologiques exceptionnellement précieux, si ce n'est, 
bien entendu, dans les trente petits tableaux consacrés à la vie 
populaire de Paris ; mais l'arrangement des scènes, le naturel des 
mouvements des personnages, la correction du dessin et, par 
dessus tout, une entente incomparable des couleurs font de ces 
miniatures de la Légende de saint Denis un document de premier 
ordre. Il n'en est point d'autre, semble-t-il, qui soit mieux capable 
de nous faire connaître l'état de notre art national à cette 
époque de première Renaissance, dont l'épanouissement devait 
coïncider avec l'avènement de la branche des Valois. 




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NOTICES DES PLANCHES 



* I (Tome I, fol. i). — Titre ajouté postérieurement, après grattage de 
l'ancien titre : 

EN CE VOLUME EST CONTENU LA VIE DE MONS 1 * S. DENIS, GLORIEUX 
APPOSTRE DE FRANCE, COMME IL APPERT PAR LES CHAPITRES QUI CY APRÈS 
ENSUIVENT. 

Dans la marge du bas, armes peintes de Jeanne de Laval, deuxième 
femme du roi René d'Anjou. 

jII (Tome I, fol. 4 V0 ). — Gilles de Pontoise, abbé de Saint-Denis, 
accompagné du moine Yves, auteur du livre, offre au roi Philippe le 
Long le manuscrit de la Vie de saint Denis. 



Patroni gesta régi dantur manifesta 
Libro presenti, quem débet tradere menti : 
Ortus, decursus, conversio, dogmata rursus, 
Martini gênera. Post hec miracula vera, 

Actus regales inde videre vales. 
Et post scripturam, pictoris percipe curam. 
Versus subjuncti videantur in ordine cuncti. 
Sic poterit vere liber quemcumque docere 

Hec que sunt in eo scripta juvante Deo. 



Ces neuf vers sont accompagnés d'une traduction en dix-buit vers 
français écrits alternativement en bleu et en rouge. 



Du patron au roy sont les gestes 
Données toutes manifestes 




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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



Dedenz ce livre ci présent 
(S'en doit faire a son cuer présent) : 
Cours, conversion, nessement, 
Derechef son ensaignement, 
Les manières de son martire. 
Après ce, les miracles lire, 
Les faiz de la roial lignée 
Pues véoir aprez ensaignée. 
Et, aprez toute Tescripture, 
Aparçoif du paintre la cure. 
Les vers aprez soient véus, 
Touz conjoins par ordre et léus. 
Ainsinc pourras voir cesti livre 
Chascun ensaigner a délivre 
Ces choses qui sont en ce lieu 
Escriptes aidant li Dieu. 



Sur le pont : deux cavaliers entrant dans Paris ; un montreur de singe. 
Sur la Seine : un batelier. 

* III (Tome I, fol. 12™). — Au centre, saint Denis. Autour de lui, 
neuf personnages qui ont rendu témoignage de sa vie et de son martyre. 
Ce sont, en commençant par le haut, à gauche : saint Saintin, évêque de 
Meaux ; saint Luc, évangéliste ; saint Antonio, évêque de Meaux ; saint 
Méthode, patriarche de Constantinople; Michel, syncelle du patriarche 
de Jérusalem ; saint Eusèbe de Césarée ; Aristarque ; Anastase le Biblio- 
thécaire ; Lisbius, appelé ici par erreur Visbius. 



J IV (Tome I, fol. 20 w ). — L'Ascension du Christ. 

* V (Tome I, fol. 26). La ville d'Athènes, divisée en cinq parties, 
dont chacune était consacrée i un dieu : la première à Saturne» la 
deuxième à Neptune, la troisième i Pan, la quatrième à Mercure, la 
cinquième enfin, qui était au milieu de la cité, au dieu Mars. 



Istos scriptores per scripta, gradus et honores 
Scire potes, gnaros famaque per omnia claros. 
Isti sincère nobis conscripta dedere 
Ariopagite mortis genus actaque vite. 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



47 



Laude dia plenas urbs ista figurât Athenas, 
Nomina falsorum per tôt distincta deorum. 



•VI (Tome I, fol. 32). — Denis et son compagnon étudiant les astres à 
Héliopolis. 



Est Heliopolis urbs hec a sydere solis, 
Hii duo qua mire conantur sydera scire. 



' VII fTome I, fol. 34). — Denis ayant, en compagnie de son disciple» 
observé à Héliopolis les ténèbres qui couvrirent la terre à la mon du Christ, 
proclame que la cause en est dans la souffrance d'un dieu. 



Hoc ténèbre fiunt moritur quo tempore dire 
Christus, et adveniunt pariter sol lunaque mire. 
Hoc admiratur Dyonisius, hoc speculatur ; 
Et, quia sol linquit lumen, patitur deus, inquit. 



"VIE (Tomel, fol. 3S vo ). — De retour à Athènes, Denis reprend son 
enseignement de la philosophie. 



Doctor doctorum Dyonisius et via morum 
Fulsit, Athenarum lux, primas, rector earum. 
Hiis prelatus erat, quos magna sophia replerat ; 
Touque gaudet ali patrono Grecia tali, 
Cui fuit in cura cunctis sua reddere jura. 



v IX (Tome I, fol. 37™). — Denis fait élever à Athènes un autel au 
dieu inconnu. 



Diis pater iste deum jubet ignotum numerari, 
Ut veneretur eum concio mente pari. 



7 X (Tome I, fol. 41). — Prédication de saint Paul à Athènes et conver- 
sion d'Apollon. 



De celi vita baratri dum Paulus et igne 
Exhortatur, ita consentit Apollo bénigne. 



J XI (Tome I, fol. 45). — Saint Paul prêchant devant les philosophes 
d'Athènes. 




4 8 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 



Elatas mentes ac mundanos sapientes 
Paulus confuadit et eos racione retundit. 

^XII (Tome I, fol. 46™). — Saint Paul enseigne à Denis et aux Athé- 
niens ce qu'est le dieu inconnu. 

Iste deus quid erit vel sit Paulus modo querit. 
Visus, ait vates, non est inter deitates. 
Non erit hic solum deus aut homo, fiet utrumque ; 
Venturoque solum seclo reget ille polumque. 

^XIII (Tome I, fol. 48™). — Denis et sa femme Damaris, entraînés 
par la prédication de saint Paul, se convertissent au christianisme. 

Preco virtutis Paulus dum dogma salutis 
Taliter assereret, illi Dyonisius heret. 

J XIV (Tome I, fol. 50 vo ). — Saint Paul rend la vue à un aveugle. 

Plebs gaudet de quo, quia dantur lumina ceco. 
Plèbes mirantur, quia ceco lumina dantur. 
Crescit honor Christi, quia ceco lux datur isti. 

^ XV (Tome I, fol. S2 V0 ). — L'aveugle guéri par saint Paul raconte à 
Denis et à Damaris le miracle dont il a été l'objet. 

Qui cecus fuerat, nunc sanus, in ordine cuncta 
Facta sibi reserat Dyonisio sine cuncta. 

J XVI (Tome I, fol. S4 V0 ). — Baptême de saint Denis par saint Paul. 

Errori cedens Christumque per omnia credens, 
Mundatur sacro Dyonisius ipse lavachro. 

J XVII (Tome I, fol. 78™). — Saint Denis est sacré évèque d'Athènes 
par saint Paul. 

Sanctus Paulus ei dat Athenis pontificatum, 
Nomen ut ipse Dei doceat finemque beatum. 



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I 



LÉGENDE DE SAINT DENIS 49 

^XVIII (Tome I, fol. 85"). — Saint Denis prêche l'Évangile aux Athé- 
niens et fait renverser les statues des dieux. 

Claro sermone, cum factis et ratione, 

Attrahit ad Christum populum Dyonisius istum. 

J XIX (Tome I, fol. 107™). — Saint Denis composant son traité de la 
Hiérarchie céleste. 

Une Deus trine, te collaudant sine fine 
Cives angelici, quos subjectos tibi dici. 
Agmina per tria ter edocet iste pater. 

* XX (Tome II, fol. 1). — Les apôtres et saint Denis sont transportés 
sur des nuées à Jérusalem pour y assister à la mort de la Vierge. 

Migrât Virgo pia, fertur super astra Maria. 
Nubibus hos texit Deus hosque per ethera vexit. 
Illius ad funus fuit et Dypnisius unus. 

' XXI et "XXII (Tome H, fol. 2 et 17). — Saint Denis écrivant son 
traité des Noms divins. 

Ces deux initiales à miniature se trouvent, l'une en tête du texte latin, 
l'autre en tête du texte français du chapitre consacré à ce traité. 

V XXIII (Tome H, fol. 34). — Vision de saint Carpe, évêque de Beroë. 

Exemplo Christi Carpo pretenditur isti 
Condonare reis utque pius sit eis. 

ODQV (Tome H, fol. 63). — Avant de partir pour Rome, saint Denis 
sacre son successeur à Tévêché d'Athènes. 

Ut Romam peditet, ut plebis scandala vitet, 
Urbis Athenarum curam dédit huic animarum. 

v XXV (Tome H, fol. 64*°). — Martyre de saint Pierre et de saint 
Paul. Mort et damnation de l'empereur Néron. 

Légemde de saint Denis. 7 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



Istic morti dat sanctos Nero seque trucidât. 
Huic locus horroris est, hiis celestis honoris. 
Hune tenet infernus, hos suscipit ordo supernus. 

y XXVI (Tome IL, fol. 70™). — Saint Denis aux pieds du pape Clément. 

Presul morosus Dyonisius hic preciosus 
Se dat démentis pedibus tune jura regentis 
Summi pastoris socius sibi factus honoris. 

^ XXVII (Tome II, fol. 8o vo ). — Le pape saint Clément envoie en 
Gaule saint Denis et ses compagnons. 

Gallis directus summus fit apostolus horum, 
Ut, spe subvectus, gerat illis semina morum 
Papa Clémente Dyonisius iste jubente, 
Adjunctis pariter patribus hiis ad iter, 

' XXVIII (Tome II, fol. 89). — Arrivée de Denis à Arles. La statue du 
dieu Mars tombe devant le saint en prières. 

Cursu dante ratis, portum subeunt Arelatis. 

Est vis divina Martis monstrata ruina. 

Signum dumque dédit Deus istud, plebs sibi crédit. 

4 XXIX (Tome II, fol. 91). — Saint Denis fait la dédicace d'une église 
et sacre saint Rieule évêque d'Arles. 

Hic domus aptatur Christo, presulque sacratur 
Regulus, ut turbe det dogma salutis in urbe. 

9 XXX (Tome II, fol. 93). — A Arles saint Denis, ayant sacré des 
évêques et ordonné des prêtres, les envoie de toutes parts prêcher rÊvan- 
gile. 

Dantur pastores in plures a pâtre partes, 
Ut doceant mores, ut perdant demonis artes. 

> XXXI (Tome II, fol. 97). — Arrivée de saint Denis à Paris. 



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LÉGENDE DE SAINT DENIS 



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Arcem Gallorum subit urbem Parisiofum, 
Non senis etatem, non gentilem feritatem, 
Non penas veritus hic pater emeritus. 

Dans les échauguettes de la porte de Paris, les gens du guet. 

Sur le pont : un paveur et son conducteur. 

Sur la Seine : quatre hommes, en deux barques, péchant au carrelet. 

v XXXII (Tome II, fol. 99). — Prédication de saint Denis à Paris. Con- 
version de Lisbius. 

Dum docet assidue, tune Lisbius ydola sprevit 
Doctrineque sue vi Christi gloria crevit, 

Sur le pont: une boutique de changeur; un orfèvre au travail; un fau- 
connier et son valet; un portefaix; une boutique de marchand d'armes et 
d'escarcelles. 

Sur la Seine : une barque montée par des hommes qui chantent en 
lisant sur un rouleau de parchemin. 

'XXXIII (Tome II, fol. ioo vo ). — Saint Denis fait élever et consacre une 
église à Paris ; il y baptise les nouveaux chrétiens. 

Parisius pridem pater ecclesiam facit idem, 
Qyxt plebs mundetur ac baptismo recreetnr, : 

' XXXIV (Tome H, fol. 102™). — Saint Denis ordonne des prêtres et 
sacre des évêques. î . 4 

Suppremus donis plenus pater iste beatus 
Justis personis dat honorem presbiteratus ; 
Potrttôcatque bonos dandos hinc inde patronos. 

4 XXXV (Tome II, fol. 105™). — Saint Denis envoie des évêques et 
des prêtres évangéliser les peuples de la Gaule. 

Mittit prelatos pater hos hinc inde beatos, 
Ut cultus fidei crescat honorque Dei. 



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Sur le pont : un pâtissier; un cloutier; un ânier conduisant et piquant 
son âne. 
Sur la Seine : deux bateliers. 

'XXXVI (Tome II, fol. 1 1 1). — Prédication de saint Denis: il convertit 
les Parisiens qui brisent leurs idoles. 

Verbis affatim pater exemplisque docebat, 
Salvans paulatim quos a phanis retrahebat. 
Et gens effrenis dum vult hune tradere pénis, 
Nonnulli credunt, alii terrore recedunt. 
Ac eadera fregit manus ydola que prius egit. 

Sur le pont: un changeur; un orfèvre; un portefaix poussant sa 
brouette (les brancards de la brouette sont soutenus par une courroie 
passée sur les épaules) ; un mendiant portant son enfant sur son dos et 
recevant l'aumône d'un marchand assis dans sa boutique. 

Sur la Seine : un bateau chargé de tonneaux et remorqué par une barque. 

^XXXVII (Tome II, fol. 115). — Les prêtres païens de Paris 
envoient des messagers à Rome pour demander du secours contre saint 
Denis. 

Sur le pont : un homme et une femme à cheval; un crocheteur; une 
fileuse. t 

Sur la Seine : un pêcheur à la ligne dans une barque conduite par un 
de ses compagnons. 

^XXXVIII (Tome II, fol. 117). — Les envoyés des prêtres païens de 
Paris sont reçus à Rome par l'empereur Domitien. 

'XXXIX (Tome H, fol. 119). — L'empereur Domitien envoie des 
soldats à Paris avec mission d'exterminer tous les chrétiens. 

Dirigit insanus insanos Domicianus, 

Ut perdant cunetbs dono baptismatis undtos. 

«> XL (Tome II, fol. 121). — Il met à leur tête le prévôt Sisinnius. 



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'XLI(Tome II, fol. 123). — L'armée de Sisinniûs en marche sur Paris. 

Hic debachatur hec concio gentis inique 
Ut deperdatur per eam grex sanctus inique. 

"XLII (Tome H, fol. 125). — Saint Denis, prévoyant l'arrivée de Sisin- 
niûs, charge saint Saintin et saint Antonin d'écrire le récit de sa vie et de 
son martyre et de le porter au pape. 

Istos prelatos ad se pater iste vocatos 
Admonet, ut presto sint hii certamine gesto 
Pape gestorum seriem déferre suorum. 

Sur le pont : un char couvert à quatre roues, attelé de deux chevaux en 
flèche, sur le limonier un postillon, dans le char cinq voyageurs ; une 
consultation médicale, le médecin élève l'urinai de la main droite et 
tend la main gauche au malade qui y dépose une pièce de monnaie. 

Sur la Seine : déclaration et essai de vin au port de Paris. 

v XUH (Tome II, fol. 127). — Arrivée à Paris de Sisinniûs et de ses 
hommes. Les prêtres païens se portent à leur rencontre et les reçoivent 
à l'entrée de la ville. f 

Parisios fines dum prefectus sociique 
Intrant, affines occurerunt sibi quique. 

Sur la Seine : bateaux couverts de bâches pour le transport du blé; 
un homme déchargeant un sac. 

''XLIV (Tome II, fol. 129). — Sur l'invitation des prêtres païens 
Sisinniûs donne l'ordre à ses soldats de lui amener saint Denis et ses 
compagnons. 

Hic sanctos queri, duris vinclisque teneri, 
Preses et adduci precipit ore truci. 

1 

Sur le pont : un fauconnier ; un marchand d'oiseaux offrant un char- 
donneret dans une cage ; un épicier ou apothicaire pilant des drogues 
dans un mortier. 

Sur la Seine : bateaux-viviers de poissonniers d'eau douce. 



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"XLV(Tome II, fol. 130™). — Une foule en fureur entoure saint 
Denis et ses compagnons, les frappe, les accable d'outrages et leur lie les 
mains. 



Sur le pont : un étal d'oublaieur; un orfèvre; un aveugle conduit par 
son chien qui porte la sébile aux dents ; un promeneur et un mendiant. 
Sur la Seine : bateaux de bois et déchargeurs. 

4 XL VI (Tome III, fol. 1). — Saint Denis et ses compagnons sont con- 
duits devant Sisinnius, qui interroge saint Denis et l'appelle « misérable 
vieillard ». Saint Denis répond que, s'il est vieux, il est pourtant rempli 
de viguéur pour la défense de sa foi. 



Sur le pont : un traîneau à barriques tiré par quatre hommes ; un pèle- 
rin marchant pieds nus et portant ses souliers pendus sur son dos. 
Sur la Seine : bateaux de charbon et charbonniers. 

J XLVII (Tome III, fol. 2 TO ). — Saint Denis, saint Rustique et saint 
Éleuthère confessent la foi du Christ devant Sisinnius. 



Sur le, pont : un banneau à pierres tiré par deux chevaux ; mendiants 
estropiés. 

Sur la Seine : barque d'un passeur parisien. 

4 XLVIII (Tome III, fol. 4 vo ). — Larcia accuse saint Denis et ses com- 
pagnons d'avoir trompé son mari Iisbius par leurs enchantements. 



Hic circumcludit sanctum gens plena furoris, 
Coospuit, illudit, cedit, stringit quoque loris. 



Se fore longevi dicit Dyonisius evi, 
Mente tamen vere fidei fervore vigere. 



A sanctis una responsio redditur una : 
Unum, corde pari, trinumque Deum venerari. 



Corde nimis mesta, clamando Larcia plangit ; 
loque virum questa prefectum fletibus angit. 



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Sur le pont : un traîneau à barriques tiré par six hommes ; un porteur 
d'eau. 

Sur la Seine : un pêcheur à la ligne prenant un poisson. 

^XUX (Tome III, fol. 6 T0 ). — Sisinnius, assisté du grand-prêtre, 
engage Lisbius à adorer les dieux ; Lisbius, en présence de saint Denis 
et de ses compagnons, se proclame disciple du Christ. 

Sur le pont : une charrette de gerbes traînée par deux chevaux ; un 
portefaix. 

Sur la Seine : bateaux chargés de citrouilles. 

*L (Tome III, fol. 8 vo ). — Sisinnius fait mettre à mort Lisbius sous les 
yeux de saint Denis et de ses compagnons. 

Lisbius ex mundo transit mortem subeundo, 
Quojidam Parisii concivis, nunc paradysi. 

Sur le pont : une boutique de changeur ; un orfèvre au travail ; un 
ménétrier jouant de l'orgue de main; la sieste à la porte. 
Sur la Seine : la sieste en bateau. 

11 (Tome III, fol. io TO ). — Sisinnius fait flageller saint Denis et ses 
compagnons. 

Verbera perpessi, virtute Jhesu roborati, 
Sunt indefessi cetera dura pati. 

Sur le pont : un estropié marchant avec deux béquilles; un changeur 
dans sa boutique ; un valet de chiens. 
Sur la Seine : le bain. 

^ LE (Tome III, fol. 12™). — Sisinnius fait charger de chaînes et jeter 
en prison saint Denis et ses compagnons. 

Constantes mente, prefecto precipiente, 
Subdendi pénis variis junctique cathenis, 
Carceris angusti subeunt ergastula justi. 



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Sur le pont : une boutique de marchand de joyaux ; un orfèvre au tra- 
vail; un bourgeois assis à sa porte. 

Sur la Seine : un passeur dans sa barque. 

^ LOI (Tome III, fol. 14™). — Sisinnius demande à saint Denis et à ses 
compagnons pourquoi ils refusent d'adorer les dieux ; saint Denis répond 
que ce sont des dieux sourds, muets et aveugles. 

Sur le pont : des muletiers; une femme à son dévidoir. 
Sur la Seine : un bateau chargé de vin. 

^LIV (Tome III, fol. i6 vo ). — Saint Denis et ses compagnons sont atta- 
chés sur des planches et flagellés. 



Sur le pont : des enfants jouant à la bascule avec une voiture à bras 
(haquet à vin); un écuyer conduisant un cheval. 
Sur la Seine : un passeur dans sa barque. 

J LV (Tome III, fol. i8 V0 ). — Sisinnius engage encore une fois saint 
Denis à adorer les dieux ; saint Denis répond que lui et ses compagnons 
sont liés au Christ et qu'ils ne céderont ni à la terreur ni aux honneurs. 

Sur le pont : un berger conduisant ses moutons; un porcher. 

Sur la Seine : un bateau chargé de melons. 

* LVI (Tome III, fol. 2o vo ). — Sisinnius accuse saint Denis et ses com- 
pagnons d'user d'enchantements pour séduire le peuple ; ils répondent 
qu'ils ne font point d'enchantements, mais qu'ils glorifient le Christ. 

Sur le pont : un haquet de vin traîné par deux chevaux; une bataille de 
truands. 

Sur la Seine : un pêcheur à la ligne. 

LVII (Tome DI, fol. 22 TO ). — Saint Denis est étendu sur un gril 
ardent* 



Plagis affecti nequeunt per verbera flecti. 
Flagris arctari possunt, sed non superari : 
Naraque flagellari corde ferunt hilari. 



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Sancte Dei vates, tibi non nocet ignea crates, 

Dum super hanc plaudis, dans Christo cantica laudis. 

Sur le pont : un bouvier et ses bœufs; un garçon meunier apportant un 
sac de farine chez une ménagère. 
Sur la Seine : un passeur dans sa barque. 

* LVIÏÏ (Tome III, fol. 24™). — Saint Denis est exposé aux bêtes. 

Vim mutare fere, dum sancto non nocuere, 
Ac, famis oblite, non dant discrimina vite. 

Sur le pont : un changeur; des aveugles mendiants ; une fileuse ; un 
singe assis. 
Sur la Seine : des bateaux de vin. 

vUX (Tome III, fol. 28). — Saint Denis est jeté dans un four brûlant. 

Hune servat Jhesus ne flammarum foret esus. 
Non clibanus lesit, quia Christo semper adhesit. 
Sévit flamma foris, premit illam fervor amoris. 
Tollitur hinc justus, splendens ut sol et inustus. 

Sur le pont : des portefaix chargés de paquets de diverses couleurs, bleus, 
rouges, verts ; un épicier ou apothicaire pilant des drogues dans un mortier. 
Sur la Seine : un bateau de vin conduit par un avaleur de nefs. 

"LX (Tome HI, fol. 30). — Saint Denis est mis en croix. 

In cruce torquetur, qua celi régna meretur. 
Dum sic artatus, fuit in nullo superatus; 
Dumque crucem scandit, precepta salubria pandit. 

Sur le pont : une boutique de changeur ; un orfèvre au travail ; un 
crieur de vin ; un marchand à la saison. 
Sur la Seine : la sieste en bateau. 

v LXI (Tome DI, fol. 32). — Saint Denis est enfermé dans une prison 
avec ses deux compagnons et ceux qu'il a convertis. 

Légende de saint Denis. 8 



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Sepius illusus, in carcere nuncque reclusus, 
Rupta clausura, secum trahit agmina plura, 
Non cessans monita de celi tradere vita. 

Sur le pont : une voiture à bras traînée et poussée par deux hommes ; 
un fripier ambulant. 

Sur la Seine : les gardes de la rivière. 

^LXII (Tome III, fol. 33 vo ). — Le Christ communie saint Denis dans 
sa prison. 

Du m, velut in celis degens, athleta fidelis 

Missarum cara mysteria tractât in ara, 

Tune Jhesus, absque mora, panis qua frangitur hora, 

Mue advenit, et eum solamine lenit ; 

Escam seque dédit, et sic super astra recedit. 

Sur le pont : un montreur d'ours entouré par la foule ; un garçon 
talemelier. 

Sur la Seine : dans un bateau amarré à une pile du pont, quatre per- 
sonnages assis. 

J LXIII (Tome El, fol. 35™). — Sisinnius dit à saint Denis et à ses 
compagnons qu'ils doivent ou adorer les dieux ou mourir; ils choisissent 
la mort. 

Préside despecto mortisque timoré neglecto, 
Elegere rnori plus quam parère fiirori. 

Sur le pont : un changeur ; un orfèvre au travail ; un chiffonnier ; 
un acheteur et un marchand. 
Sur la Seine : un pécheur à la ligne. 

^LXIV (Tome El, fol. 37™). — Sisinnius montre à saint Denis et à 
ses compagnons les corps des chrétiens qu'il a fait mettre à mort. 

Funera dum vidit, que presidis ira cecidit, 
Terrores abicit et corde Deum benedicit. 



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Qui sic prostemi sinit hoc et tempore sperni, 
Quos exaltandos, quos presciit ipse beandos 
In regno gratis dando sine fine beatis. 



Sur la Seine : les moulins sous le grand pont de Paris. 



"LXV (Tome III, fol. 42). — Sisinnius fait flageller de nouveau saint 
Denis et ses compagnons. 



Sur le pont : un changeur dans sa boutique ; des marchands d'oubliés 
ambulants ; un barbier. 

Sur la Seine : un bateau de vin. 

/ LXVI (Tome M, fol. 44). — La prière de saint Denis et de ses com- 
pagnons au moment où Sisinnius les condamne à mort. 



*LXVH (Tome HI, fol. 45 v0 )- — Sisinnius fait décapiter saint Denis, 
saint Rustique et saint Éleuthère. Les trois martyrs prononcent après 
leur mort le nom de : Jésus. 



Fiunt morte pari digni Christo sociari, 
Collis truncatis horum dolabris hebetatis. 
Quorum ferventes in Chxisto conspice mentes, 
Ut per signa foris virtus monstretur amoris ; 
Postque caput cesum credantur dicere : Jhtsum. 



4 LXVIII (Tome III, fol. 48*»). — Les âmes des trois martyrs sont 
portées au ciel. En présence de Larda, saint Denis, soutenu par deux anges, 
prend sa tète dans ses mains. 



Hic velut in primis flagra portarunt iterato, 
Devotis animis subnixi fine beato ; 
Verbere nec flecti possunt a tramite recti ; 
Verbera sed spernunt, quia proxima premia ceraunt. 



Tollit ad astra manus campi doctor veteranus \ 
Orat et ipse Deum sibi det céleste tropheum 
Collegisque suis, vocibus assiduis. 




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Larcia miratur corpus quasi vivificatur. 
Insuper et propere celos anime petiere, 
Auditis odis celi cum voce melodis. 
Crédit tortorum pars, pars discessit eorum. 

J LXDC (Tome III, fol. 53™). — Saint Denis, guidé et soutenu par 
deux anges, transporte sa tête et la remet à Catulla. Catulla fait ensevelir 
saint Denis et dépose la tête du martyr dans le tombeau. 

Corporis abscisi defers caput, o Dyonisi, 
Cum cursu céleri sancte tradens mulieri, 
Que, quantum quivit, te dévote sepelivit. 

^LXX (Tome III, fol. 58™). — Larcia convertie est jugée et condamnée 
par Sisinnius. Martyre de Larcia. 

Jam supradicta dum Larcia mira tuetur, 
Diis prius astricta Christum devota fatetur, 
Menteque non ficta celos gladiata meretur. 

n/LXXI (Tome III, fol. 63). — Les corps de saint Rustique et de saint 
Eleuthère sont transportés dans une barque pour être jetés à la Seine. 
Catulla reçoit à table ceux qui étaient chargés de cette besogne, et, pen- 
dant qu'ils boivent, elle fait enlever les corps des saints par ses serviteurs. 

Corpora sanctorum portantur nave duorum, 
Secaniis undis subito mergenda profundis; 
Sed pia matrona non sustinet ista m aligna, 
Dum post vina bona procurât furta benigna. 

J LXXII (Tome III, fol. 65). — Catulla fait enlever les corps de saint 
Rustique et de saint Eleuthère et les fait déposer auprès du corps de 
saint Denis. 

Matrone studium sanctos conjungere querit, 

Cui plebs obsequium consociata gerit. 
Sanctorum posita sic corpora conspicis una, 
Quorum par vita, similis mens, mors fuit una. * 



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"LXXIII (Tome III, fol. 67). — Saint Rieule, célébrant la messe à 
Arles, ajoute aux noms des apôtres les noms de saint Denis et de ses 
deux compagnons. Ace moment apparaissent sur le crucifix trois colombes, 
chacune portant le nom de l'un des martyrs écrit en lettres de sang sur 
sa poitrine. 

Nominat in missa dum Regulus iste beatus, 
Li ngua submissa, sanctos, non premeditatus, 
Celitus est missa, per quam fit certificatus, 
Trina columba Dei, de morte dieque trophei ; 
Datque coloris ei nomina sanguinei. 

-LXXIV(Tome ffl, fol. 69). — Saint Rieule confie l'église d'Arles a 
un autre pasteur et se met en route pour Paris. Il y consacre la première 
église dédiée à saint Denis et donne le baptême à Catulla. 

Commisse sedis cathedre nunc, Régule, cedis 
Corde gerens studium pergere Parisium. 

Istic de vita sanctorum plurima scita 

In petra celas, lectoribus atque révélas 

Omnibus ex titulo quo quis adest tumulo. 

Hinc per te numen sacrum capit ista Catulla. 

Postque sacrum flumen remanet sordes sibi nulla. 

/ LXXV (Tome III, fol. 71). — L'empereur Domitien se proclame dieu : 
il est assassiné, et son cadavre, dépouillé par les voleurs, devient la proie 
des chiens. 

Duras, inhumanus, infandus Domicianus, 
In dando rarus, rapiendo semper avarus, 
Cunctis exosus, plus Bruto luxuriosus, 
Omnibus infestus, per crimina cuncta scelestus, 
Menteque cecatus voluit deus esse vocatus. 
Turpiter hic moritur et turpius hic sepelitur. 
Corpus latrones rapiunt et vispiliones. 
Spiritus ad baratrum merito perducitur atrum. 

' LXXVI (Tome ffl, fol. 72"). — Sur la demande de Catulla, saint 
Rieule se rend à Senlis auprès de Quintilien, gouverneur de la ville. Celui- 



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ci, ayant vu en songe saint Denis, accompagné de saint Rustique et 3e 
saint Éleuthère, reçoit le baptême des mains de saint Rieule. 



Matrone gratus, sanctus per eam recreatus 
Regulus abcessit ac vite dogmata gessit 
Silvanectanis ; sed eum gens pellit inanis. 
Attamen ad Christum Dyonisius attrahit istum 
Silvanectanum prefectum Quintilianum, 
Qui, pura mente, sancto consentit eidem ; 
Cumque sua gente baptismum suscipit idem. 



V LXXVII (Tome III, fol. 75 v0 ). — Catulla fait construire une église sur 
les tombeaux des trois martyrs. Saint Rieule la consacre. 



Supra sanctorum tumulos a plèbe piorum 
Fit domus ex lignis, curis pro tempore dignis ; 
Quam, pater insignis, sacratis, Régule, signis. 



J LXXVIII (Tome III, fol. 80). — Saint Saintin et saint Antonin partent 
pour Rome. Saint Antonin tombe gravement malade ; saint Saintin 
le recommande à l'hôtelier, auquel il donne de l'argent pour le soigner 
et l'ensevelir honorablement s'il vient à mourir, puis il continue seul sa 
route. Saint Antonin meurt, et son corps est jeté dans une fosse à ordures. 



Pergunt maturi Christi simul ambo ministri, 
Romam facturi regnantis jussa magistri. 
Ytalicis horis hic huic fit causa doloris, 

Correptus calida febreque pervalida. 
Isti dat plura Sanctinus eumque precatur 
Pro socii cura, si vivat vel moriatur. 
Solus abire pater festinat ; postea frater 
Vita privatur ac stercore precipitatur. 



^ LXXIX (Tome III, fol. 82). — Saint Saintin, averti, revient sur ses 
pas et réprimande sévèrement le maître de l'hôtellerie. Il ressuscite saint 
Antonin, le lave, le communie; puis tous deux repartent pour Rome. 



Fit procul astanti sceleris noticia tanti 
Sanctino : quare festinat item repedare. 




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Hune amor accendit, dominumque domus reprehendit. 
Utque sibi jussit, hune ad stabuli loca ducit. 
Postca, divino nutu per cuncta potente, 
Huic Antonino donatur vita repente. 
Post, pater hune lavit ae Christi corpore pavit. 
Sic ceptum pariter aggrediuntur iter. 



v LXXX (Tome III, fol. 82™). — Saint Saintin et saint Antonin remettent 
au pape Anaelet le recueil de la vie, des actes et delà mort de saint Denis. 



f LXXXI (Tome III, fol. 84). — Saint Saintin et saint Antonin reviennent 
à Meaux. Mort et service funèbre de saint Saintin, à qui succède saint 
Antonin. 



Corpore finiris ac more patrum sepeliris, 
Presul Sanctine, Christo vinctus sine fine. 
Cum nos finire dabitur, fac régna subire, 
Qui non labuntur, immo sine fine dabunt[ur]. 



Sedis Sanctinus fulgens Meldensis honore 
Ac Antoninus, sociali vinctus amore, 
Patris sermones, actus et mortis agones, 
Ordine completo, pape référant Anacleto. 



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«ton marçagitts Wapuli (andnui^eramiwt 
ttr wimtô nmtanmit wfatt atocttuttftuccmt 
abamtmn mâttnùum mxttû ùtntubt ùmâtpt 
wmont st^op^mùùmt»(mdmns plctwefi 

Cwamonmus m cptftopmi ûtariTmcr yrpiuc» aitn^ 
m (anfto offinotagcns aun multiplia tojioiû qrnun 
uuai craitmtanmt luao uugûtr aî) bnm îtu «nu 




: monmcfimvis m nîwcjnmi m fçjrl i nè . 



l'Iiolotypie Itertliaud 



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FA1 128.8.2 

legendt d« Saint D*nis : reproduct? 
Fine Arts Library AUZ3444 



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the Library on or before the last date 
stamped below. 

A fine is incurred by retaining it 
beyond the specified time. 
Please return promptly. 

— I 

DUEJAN ^ 69 hrt 
QHE SF. 2 7 '76 WÊ 





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